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delphinéa au groenland

22 septembre 2008

retour fin

Irlande – Scilly – France

Les jours diminuent, les nuits augmentent, et pourtant la température est de plus en plus élevée. Ah, mais c’est bien sûr, nous faisons route vers le Sud et nous sommes en septembre. Les conditions étant favorables nous avons finalement mis le cap sur Dublin. Nous remarquons de suite une grosse différence de température par rapport à Port Ellen que nous avons quitté il n’y a que deux jours.

port_de_p_che_dublin__R_solution_de_l__cran_Nous faisons un petit tour vers le port de pêche. Nous sommes surpris d’y voir plein de phoques, bien gras, dodus à souhait. Quand nous nous approchons du bord de la digue, ils viennent nous voir !!! L’explication est simple, bien des personnes se procurent des poissons et leur lancent. La bagarre est féroce entre les goélands et les phoques.curiosit___R_solution_de_l__cran_

Curiosité

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un jeune goélandphoque___la_retourne__R_solution_de_l__cran_

Un phoque à la retourne pour attrapper un poisson lancé par un quidam

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Pêche réussie

Nous faisons un petit tour en ville avant de repartir. Dublin, une grande ville au centre agréablementsaint_patrick__R_solution_de_l__cran_ coloré, mais c’est vraiment une grande ville, avec tout plein de bipèdes qui se bousculent partout. Très peu pour nous. Nos rentrons, la météo nous est favorable, nous partons pour les Scilly. Maintenant nous ne voulons plus traîner, nous avons tous hâte d’être à la maison et de raconter nos histoires à ceux qui ne les ont pas vécues.

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Une grive pas trop farouche

bonnie_coule__R_solution_de_l__cran_Vent super agréable, sept à huit nœuds au largue, parfois même obligé de réduire le génois, car Delphinéa avait une fâcheuse tendance à partir au lof, poussé par une mer sur le travers. Et puis des masses de dauphins venus saluer notre retour. Plusieurs bancs, nous en avons vu certains venir de loin devant, à toute allure, puis faire demi tour pour nous montrer leur agilité. Quel plaisir. Michel nous informe que Guy a fait la photo de sa vie. A l’arrivée nous voyons cela : trois dauphins sautant hors de l’eau et se détachant sur le ciel, et ce n’est pas un montage « photo-shop » !!!

Les quarts se suivent et se ressemblent, les Scilly sont en vue, nous arrivons au petit matin. Nousscilly_plage__R_solution_de_l__cran_ attendons juste encore une météo favorable pour repartir sur Lorient. Nous commençons à avoir assez franchement chaud, nous ne sommes plus habitués à ces températures des pays du Sud. Aujourd’hui lundi 15 septembre, nous larguons les amarres à sept heures le soir pour notre dernière étape Locmiquélic. Enfin dernière pour Delphinéa, car pour Bonnie, il y en aura une autre, car Michel ira jusqu’à Cordemais, son port à sec près de Nantes.

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Une princesse

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Des reines

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Jeux d'enfants

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dernière promenade

Déjà nous pensons à tout ce que nous aurons à faire en tant que terriens, les problèmes administratifs à résoudre après six mois d’absence. Mais aussi retrouver les amis que nous avons délaissés pendant tout ce temps. Déjà nous pensons au prochain voyage, ce sera sûrement quelque part vers les Amériques, départ en automne 2.009.

Les Scilly sont derrière nous, nous percevons à peine le phare de Bishop rock, le cap est déjà mis sur l’île de Sein. De bonne heure le matin, nous avons franchi la limite entre la France et l’Angleterre avec un petit pincement au cœur, nous sommes maintenant chez nous. Le rail des cargos est traversé, l’île de Sein est doublée, il fait nuit à nouveau. La pointe de Penmarc’h est derrière nous, nous faisons route sur les îles de Glénan que nous laisserons sur notre tribord, alors que Michel les laissera par son bâbord. On sent l’écurie, on retrouve les odeurs presque oubliées, nous sommes dans nos eaux familières, le jour se lève, il est sept heures et demie, le ciel prend des colorations dans les jaunes, orangés et rouges, mais attention tout de même à ne pas trop rêver, car c’est mal pavé par ici.

Nous sommes arrivés, le voyage est terminé, il restera nos souvenirs, resteront gravées, dans nos mémoires, des images fortes.

Nous devions aller au Groenland puis au Québec, nous n’avons pas dépassé l’Islande, mais nous avons tout de même été jusqu’en Islande, alors qu’à un moment nous pensions même ne pas dépasser les Hébrides.

Ces gens du Nord nous ont bien marqué, leur gentillesse, leur pureté, leur simplicité, leur accueil nous ont touché. Ils ont dans leur cœur la chaleur qu’ils ne trouvent pas dans leur dehors. Sans doute un jour nous reviendrons, quand, je ne sais pas, mais nous reviendrons. Nous aurons sans doute la chance de voir venir en France Uisdean de Stornoway et Gudmundur de Vägur. Ce sera un réel grand plaisir de pouvoir les accueillir et leur faire découvrir et apprécier la France, comme ils ont su nous faire aimer leur pays dont ils sont si fiers.

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6 septembre 2008

retour suite

Les fulmars se font plus rares, nous sommes sans doute dans des latitudes trop Sud pour eux. Enfin nous arrivons à Stornoway. Nous larguons Bonnie dans la baie, son moteur semble tourner correctement. L’expérience nous montrera, qu’en une demi-heure de temps, il s’est remis à chauffer exagérément. Il faut vraiment faire quelque chose.

 

Et puis se sont les retrouvailles, d’abord Ian, normal il habite sur le port. Uisdean, lui, est en Norvège à pêcher. Nous sommes tous invités à une soirée avec des amis artistes de Ian, Michel et Guy s’y empressent, Edith et moi restons à bord, car nous n’avons pas tout compris qui invite qui et pourquoi. Enfin, il paraît que nous avons perdu quelque chose.

 

Un jour, Ian nous demande si nous avons quelque chose à faire en fin d’après midi. Bien sûr que non. Alors venez avec nous, nous faisons un petit tour avec des amis, sur un ancien bateau de pêche à la voile. Comment puis-je le décrire ? Une barque longue, environ 10 mètres et large de 3 mètres, un mât, une seule voile, carrée, de la même couleur marron orange que nos bisquine, gréement aurique. Il nous a appris à monter cette voile, à virer de bord, pas simple la manœuvre, il vaut mieux qu’il n’y ait pas trop de vent, car il faut faire passer la bôme d’un côté à l’autre du mât !!! Enfin ce fût vraiment super sympa.

 

Uisdean est de retour, il s’empresse de venir nous voir, ça fait chaud au cœur. Nous attendons une météo favorable pour continuer la descente, elle met bien du temps à se présenter, et chaque jour que nous passons dans ce pays, Uisdean consacre le plus de temps qu’il peut à nous voir, parler, transmettre, faire aimer son île, car il l’aime vraiment. Plusieurs fois il emmène Michel à la pêche. Un jour ils ont été taquiner le saumon. Il y en avait partout, enfin paraît-il, ils sautaient à gauche, à droite, devant, mais pas un ne mordait à leur ligne. Les deux pêcheurs, aussi humbles sont-ils, étaient couverts de midges. Qu’est-ce que c’est que ces bêtes là ? Une spécialité de l’Ecosse. Des petits moucherons, dix fois plus petits que les moucherons de chez nous, mais des milliards, et ça pique, pas comme les moustiques, mais disons que ça dérange, ça énerve plus qu’autre chose. Les pays de Nord sont connus pour l’agressivité et le nombre de leurs moustiques. Nous n’en n’avons pas rencontré jusqu’à maintenant. Là ce fût notre premier contact. Les pays du Nord sont aussi connus pour leurs météos désagréables, pluie, vent, froid, même en été. Nous avons presque toujours eu du beau temps avec des températures agréables. Juste maintenant quand nous voulons rentrer, nous subissons pluie et manque de chaleur. Nous faisons un peu plus connaissance de Angus, skipper professionnel d’Elinca, un superbe sloop de 22 mètres, à côté duquel nous sommes amarrés. Pas fier du tout ce garçon. C’est quand même drôle, mais il est copain avec ceux qu’on connaît ici : Uisdean, Ian …. Un jour Michel le voit sur le quai, ils discutent ensemble cinq minutes et Angus lui dit : « je vais faire un petit tour de quelques heures avec un petit groupe, si tu n’as rien à faire tu viens avec nous. » Et Michel est parti avec eux. Tiens d’ailleurs si quelqu’un est intéressé par une croisière sympa, à la demande, je donne les coordonnées d’Angus :

Email = skipper@beyondthebluehorizon.co.uk

Site = www.beyondthebluehorizon.co.uk

Alors si ça vous chante, le mec est super sympa, très compétent, le bateau est superbe et confortable. Le prix ? Je ne sais pas. Prenez contact. Il nous a dit aller aux Canaries l’année prochaine. Donc déjà, il ne se cantonne pas aux eaux du Nord. Il fera escale, c’est obligatoire, en France et alors ce seront encore des retrouvailles.

 

Quelques heures avant le départ Uisdean évidemment vient nous voir, Tous assis sur le bord du quai à philisopher et à raconter des anecdotes encore non racontées, tout le monde est là. Uisdean s’absente un instant pour revenir avec un bouquet d’hortensias superbes cueillis dans son jardin et l’offre à Edith. Ca fait chaud ça.

 

Aujourd’hui mardi 2 septembre, enfin une météo favorable. Afin de jouer avec les courants, nous partons à dix heures le soir. Nous sommes encore dans la rade en train de ranger amarres et parre-battages et nous entendons notre VHF qui crépite : « Delphinéa, Delphinéa de Bonnie. » Ah oui j’ai oublié de dire que Michel et Guy, mais surtout Guy, ont passé un certain temps à réparer leur moteur. Le problème était que le circuit de refroidissement était bouché !!!! Donc j’en étais à « Delphinéa, Delphinéa de Bonnie j’ai un pb de localisation avec mon GPS, passe devant pour me faire la route ». Le temps passe, environ une heure, et Michel me rappelle, son GPS est déclaré complètement en rade. Hors de question de partir pour plus de 150 miles sans GPS. Alors demi tour, retour à Stornoway. Une fois arrivés on regarde. Diagnostic immédiat du grand spécialiste : pb d’antenne. On démonte la prise, on regarde, on remonte, ça marche. Probablement un mauvais contact ou une oxydation. Oui mais maintenant trop tard pour repartir de suite, car les courants seront contraires et forts. Donc prochain départ demain dix heures.

 

Ah oui j’oubliais, quelques jours avant notre départ, Ian nous dit être intéressé par faire le voyage de retour avec nous. Aucun pb bien sûr. Et il embarque à bord de Bonnie. Pas logique bien évidemment, mais le courrant passe tellement bien avec Guy, qu’il serait stupide de les séparer. Avant d’embarquer ce matin, Ian offre à Edith un pain qu’il a fait lui-même et une tablette de chocolat. Ca aussi ça fait chaud. Donc Ian fait maintenant aussi partie du voyage. Il est sept heures le soir et nous doublons l’île de Skye, superbe, des falaises de 50 mètres éclairées par un soleil couchant, la renverse du courant est là, nous avons réussi à descendre le chenal, the Minch qu’ils l’appellent ça, entre Lewis et Skye en une marée, avec le courant favorable. Ouf !! C’était juste, mais c’est passé. Dès que la pointe de Skye sera passée, nous dînerons. Des pâtes à la carbonara. Ceci veut dire, que, ce soir, c’est moi qui fais la cuisine.

 

Nous avançons bien et arrivons en vue de Islay. On se souvient bien c’est là où habitent les Tamalous. Nous sommes un peu en avance sur notre plan de route et il serait possible de passer la première pointe de Islay avec le courant favorable, mais pas la deuxième. Michel prend la décision de tenter le passage en accélérant un peu l’allure, nous pas. Depuis que son moteur fonctionne, Michel est intenable. Donc nous nous séparons et nous prévoyons nous retrouver à Port Ellen. Et nous, nous réduisons l’allure, petit génois seul, et allons faire un tour au Nord de Islay avec un fil de pêche à la traîne. Entre deux et trois nœuds, parfois même moins, nous pêchons en nous laissant caresser par les chauds rayons du soleil. Résultat : 18 maquereaux, petits, certes, mais 18 quand même. Au soleil couchant, je remonte la ligne pour récolter les derniers maquereaux, la ligne est coupée, tous les hameçons avec leurs fanfreluches sont partis. Ian, nous dira plus tard qu’il arrive parfois qu’un phoque, voyant les maquereaux pris à la traîne, puisse se ruer dessus. En tout cas c’est une explication. A un moment donné, en surveillant nos lignes de traîne, un choc sur le bateau, nous sommes entrés en collision avec le casier d’un pêcheur. Panique à bord, parce que le casier s’est mis à nous suivre. Merde, probablement pris dans la quille, ce serait un moindre mal, ou dans l’hélice, ce qui serait grave. Nous commençons par remonter les lignes pour ne pas être gênés pendant la manœuvre qui s’avère forcément délicate. Mais le casier à fini par ce détacher tout seul. Ouf, c’est beaucoup mieux comme ça.

 

Le soleil décline, nous dînons avec quatre de nos maquereaux que nous invitons à notre table, mais dans l’assiette, succulent. Nous approchons de la zone de courant, la renverse commence à se faire sentir, nous nous y engageons, nous avons bien fait. La première pointe est passée, nous attaquons la deuxième. Un peu inquiet, il fait nuit, Edith fatiguée dort, je scrute la mer pour tenter d’apercevoir de traîtres remous, c’est souvent par ici. Je ne vois rien, mais le speedo indique sept nœuds, puis huit, une pointe à neuf. Après cette pointe nous devons virer pour remonter le long de la côte, dur, dur. Delphinéa emportée par le courant, ne veut pas virer. Finalement, en donnant plus de barre, nous arrivons à prendre le bon cap.

 

Arrivés à onze heures le soir, sans stress, en ayant passé une bonne après-midi de pêche, c’est bien. L’entrée de la baie puis du port en pleine nuit est un peu délicate, car mal, signalisée. Enfin après un accostage sans problème un bon dodo. Au réveil, nous voyons Bonnie à quelques emplacements de nous. Retrouvailles, et chacun raconte son option. Michel dira simplement que tout c’est bien passé. Qu’il a fallu pousser un le moteur et que maintenant il est qualifié. Mais on voit bien que les garçons sont fatigués. A mon avis ils en ont chié pour passer contre le courant qui devait être de trois à quatre nœuds.

 

Nous prévoyons repartir de suite vers Belfast, un Nord-est est annoncé, mais ce sera un force sept. Départ fixé à cinq heures du matin pour être dans le bon sens du courant du « North chanel » entre l’Ecosse et l’Irlande.

 

Le réveil n’a pas sonné, le vent est un peu tombé, nous partirons vers 17 heures, mais j’espère que le vent sera suffisant.

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un repas bien prepare

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au revoir l islande

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le bout de Skye

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encore un ciel

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l eau ferugineuse, oui

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en plein travail

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fulmar

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une scene du quotidien

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leve de lune

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un pecheur sur notre route

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remorque, mais je ne sais toujours pas mettre ces images droites

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Sous voile

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Elle a trouve chaussure .... a son pied ?

22 août 2008

le retour

Retour

La première semaine d’août est déjà entamée, nous n’avons pas visité toute l’Islande, mais l’heure a sonné pour nous de repartir. Alors nous attendons la bonne occasion. En attendant nous visitons Reykjavik. Une ville sans beaucoup d’intérêt, une grande ville, 185.000 habitants, plus de la moitié de la population Islandaise. Une ville moderne, des immeubles, une banlieue, comme toutes les villes du monde. Seul le centre offre donne une sensation d’étranger, de nordique, de scandinave. Une place du centre ville est fréquentée par de pauvres hères désemparés, des garçons d’une bonne quarantaine d’années qui semblent n’avoir plus qu’un seul plaisir dans la vie : se cuiter à la bière. Un après-midi, Edith et Guy s’offrent le luxe d’aller faire un tour dans une piscine en plein air chauffée par les sources naturelles. Plusieurs bassins. Chacun à une température différente. La plus chaude 42 à 44 degrés centigrades. Il paraît que c’est formidable. Enfin, ceci n’engage que leur avis.

Une dépression s’est formée au Sud-est du Groenland et a des velléités de monter plus au Nord au lieu d’aller vers l’Est. Si elle continue sa course et monte au dessus de l’Islande se serait absolument fantastique, car nous aurions alors des vents de Sud, puis Sud-ouest, puis Ouest puis Nord-ouest. Pour une route Est-sud-est ce serait vraiment parfait et j’accepterais même des vents assez forts. Mais nos espoirs sont déçus car elle ne veut plus monter, et se contente d’un déplacement paresseux vers l’Est. Ceci nous donnera un Sud-est, puis un Est, en plus de cela elle se creuse, nous laissant présager trente à quarante nœuds qui seront dans le pif. Alors quoi faire ? Nous décidons de partir sur les îles Vestman, à Heimaey pour être précis et d’y attendre son passage, bien à l’abri. Mais cette route nous devrons la faire au moteur, car aucun souffle ne fera son apparition. La route pour les Féroé sera alors un peu plus courte, cent miles de gagnés, mais surtout plus simple à gérer car un seul vent suffira.

Nous sommes le mercredi 6 août, et nous sommes en mer à longer les côtes d’Islande, sans vent. Quelques globicéphales viennent saluer notre départ, mais ne s’attardent pas. Un salut discret, respectueux, pas de cabrioles. Au loin nous apercevons les rorquals que les « whale tour » font visiter sur les promène-couillons en les nommant baleines. Michel soudain s’affole, il a vu une baleine, une vraie, suffisamment près pour l’avoir identifiée, deux fois il l’a vu plonger, puis plus rien. Il est toujours le seul à en avoir vu. Je me demande, si parfois, à l’abri des regards indiscrets, il ne se mettrait pas à fumer quelque chose de curieux !!! Nous avançons à vitesse réduite, car nous en profitons pour pêcher dans ces eaux particulièrement poissonneuses. Deux lignes au cul du bateau. Une première prise un fulmart. Il arrive à ce détacher tout seul parce que nous avons coupé les gaz. Deuxième prise, un autre fulmart qui a emmêlé un des fils autour de son aile. Nous sommes obligés de le remonter à bord pour le libérer. Michel s’en charge, il, le fulmart, n’aime pas ce contact, je le comprends.

Mais le 6 août est quand même une date un peu particulière à bord. C’est une date d’arrosage, une date douce, une date de bonheur, c’est l’anniversaire d’Edith. Nous fêtons cela le soir. Le coup était prévu, donc nous avons tout ce qu’il faut. Foie gras de canard, crémant de Loire, de belles échines d’agneau avec quelques pommes de terre sautées, Maranges 2.000, et une bonne tarte. C’est le quatrième anniversaire que nous fêtons à bord depuis notre départ.

La nuit arrive. Oui maintenant le temps a passé, nous ne sommes plus dans le pays où la nuit n’existe pas. Certes elle n’est pas très longue, environ deux heures, mais elle est marquée. Edith, compte tenu de la situation, est dispensée  de quart. Michel prend le premier, suivi de Guy puis ce sera moi. Nous ferons des quarts de trois heures.

Heimaey

De retour sur Heimaey, nous sommes toujours aussi ravi du spectacle, mais cette fois nous savons bien par où il faut passer, nous ne sommes plus impressionnés que par la beauté du paysage, les falaises abruptes avec dans chaque anfractuosité des nids d’oiseaux, goélands et fulmars qui chient partout laissant des traînées blanches sous leur nid. Heimaey nous connaissons, mais sommes encore impressionnés par la sauvagerie du site, et nous profitons de cette attente pour faire d’autres ballades, d’autres visites. Nous apprenons en détail comment s’est passée cette fameuse éruption de 1.973 qui a failli détruire toutes les maisons et boucher l’entrée du port. La lave s’est arrêtée à quelques mètres de certaines maisons encore habitées aujourd’hui. L’éruption avait commencé le 23 janvier et avait duré 5 mois. Les 5.000 habitants de l’île ont pu être évacué, soit par les bateaux de pêche, soit par les avions cargos américains, 400 maisons ont été englouties.

Aujourd’hui mercredi 13 août, une météo nous est enfin favorable. Au revoir l’Islande, nous sommes partis pour 400 miles, nous espérons arriver à Vägur samedi soir. Il ne faut pas traîner car une saloperie est en cours de formation et apportera 30 à 40 nœuds d’Est dans la nuit de dimanche à lundi.

Un vent d’Ouest-nord-ouest nous permet de filer cinq à six nœuds, c’est super. Une nuée de fulmars nous accompagne. Ces oiseaux sont extraordinaires. Ils virevoltent dans tous les sens à une vitesse époustouflante. Ils prennent un malin plaisir à descendre dans le vent, soudain font demi tour pour prendre un peu de hauteur contre le vent, ralentir pour être presque à l’arrêt en l’air et dans un superbe virage, une aile pointée vers l’eau, ils repartent dans le vent à une vitesse folle en rasant l’eau sans jamais la toucher. Ils donnent l’impression, en s’approchant au maximum du bateau, de venir nous épier. Sans doute est-ce la raison pour laquelle, en Islande, ils sont considérés comme étant les amis des marins. Ce balai durera toute la journée, jamais nous nous en lasserons. Avec cette météo nous nous croirions en Méditerranée. Du soleil dans un ciel pratiquement sans nuage, du vent suffisamment soutenu. Nous avons juste la chaleur en moins, mais nous avons en plus les fulmars, le glacier que nous longeons et dont le blanc se détache sur le ciel bleu, et la visibilité à trente miles car il n’y a pas le moindre soupçon de brume.

Les fulmars nous ont quitté, les miles se sont écoulés, le vent favorable est tombé, Babar a dû prendre du service. Des miles et des miles contre un vent défavorable, puis nous avons revu des fulmars, ceux-là venaient à notre rencontre nous souhaiter la bienvenue aux Féroé. Et puis il a fallu contourner le Sud de Suduroy. Nous sommes parfaitement dans les temps pour éviter les forts courants contraires. Nous nous engageons, nous voyons des remous sérieux, un shaker. Brutalement sans crier gare un remous énorme dans lequel Delphinéa se jette et transperce cette masse d’eau. Tout le bateau a été recouvert de flotte, froide, glacée. Michel et Guy étaient dans le cockpit, submergés qu’ils ont été. Enfin Delphinéa a résisté, nous sommes passés.

Féroé

Maintenant nous sommes amarrés à couple de Johana que nous connaissons bien, retrouvailles, embrassades, c’est sympa. En arrivant, nous avions en fait pris sa place qui était libre. Dès que nous avons appris par le maître du port (ici on ne dit pas capitaine) qu’elle devait arriver, nous avons dégagé la place pour  nous mettre à couple après son amarrage. Mais quelle manœuvre. On voit une belle pièce de 230 livres, le visage rouge, à moitié caché par une jolie barbe blanche qui manie une barre de deux mètres de long à l’aide d’un système de palan. Incroyable d’habileté. Un marin, un vrai.

Michel et Guy ont retrouvé Bonnie, ils sont contents. Nous attendons de pouvoir partir vers Stornoway. Bonnie partira seul demain mardi avec peu de vent, Delphinéa attendra un vent soutenu de secteur Nord, marre de faire du moteur, probablement que nous devrons rester ici une semaine.

Au dernier moment nous décidons de partir ensemble, nous espérons un vent Nord-est d’une quinzaine de nœuds pendant             au moins vingt quatre heures. Donc vers midi nous partons, d’abord Bonnie, puis une dizaine de minutes après, Delphinéa. Cela faisait bien longtemps qu’Edith et moi ne nous étions pas retrouvés tout seuls. Nous sortons du port, en train de commencer à ranger le bateau pour la navigation, nous voyons Bonnie revenir sous génois seul. Michel dans le cockpit nous fait un signe amical de la main, nous lui répondons. Nous comprenons qu’il veut nous passer un message, je descends à la VHF. Alors là, grosse surprise. Bonnie en panne de moteur, cherche à retourner au port à la voile. Sous génois seul dur dur comme on dit. Afin de parer à toute éventualité, nous préparons Delphinéa à l’abordage de Bonnie afin de le prendre à couple. Nous avons bien fait, car Michel n’arrive pas à manœuvrer pour entrer au port contre le vent. Nous sommes maintenant rodés à ce type de manœuvre qui se passe sans aucune difficulté et entrons au port à couple et réamarrage sur Johana. Nous avons droit à l’explication de Michel. Juste en passant la digue son moteur s’arrête. Le vent était soutenu et pousse Bonnie vers le musoir, le temps de monter son génois, Michel est passé par toutes les couleurs de l’arc en ciel car il voyait les cailloux se rapprocher, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour les éviter. Génois établi il devient un peu plus manoeuvrant mais Guy et Michel ont quand même eu la trouille de leur vie, car la quille a été jusqu’à racler les cailloux.

Notre ami Gudmundur (oui je sais, la première fois que j’ai écrit son nom, je me suis trompé en écrivant Goodman, mais c’est ce que j’avais compris, on prononce cela goudmour), donc Gudmundur, surpris nous voyant revenir, accourre de suite, explications. Il se met en quatre pour nous aider alors qu’il était au boulot, il prête tous les outils nécessaires aux deux techniciens de haut niveau, ils doivent faire une découpe dans leur réservoir pour le nettoyer. L’opération est terminée en fin d’après-midi. Nous décidons de partir. Renseignement pris auprès des marins locaux, il faut partir à dix heures pour bénéficier au maximum des courants mais surtout ne pas trop s’approcher de la pointe Sud de l’île car il y aura des courants forts avec beaucoup de remous. Cela nous a rappelé quelques souvenirs.

La belle pièce de 230 livres étant partie à la pèche le matin vient d’arriver, et sans plus de procès, nous apporte un sac plein de poissons, morue, deux poissons plats soles ou flétans, et d’autres non identifiés.

Gudmundur insiste pour nous inviter chez lui à prendre un petit café et quelques pâtisseries, le rendez-vous est pris pour sept heures, il nous explique où c’est, on voit sa maison du bateau, simple. A sept heures, à peine avions-nous fait cent mètres, que nous le voyons arriver en voiture pour nous chercher. Incroyable. Nous faisons connaissance avec sa famille, sa femme, Brit, adorable, accueillante, ravie de nous voir, leurs quatre enfants, un garçon et trois filles dont la petite dernière, un petit bout de choux de deux ans plein de malices et de tendresse. Nous nous trouvons tous autour d’une table garnie, toute préparée, pleine de pâtisseries, du fromage, du café, du thé. Comme il a dit le Gudmundur, juste un petit café ! Les deux grands pères se sont même joints à nous. Nous parlons des habitudes et du mode vie aux Féroé. Par exemple, le matin on déjeune, mais déjeuner copieux, à six heures. A sept il est au boulot, mais son chantier ferme à seize heures. Pour lui, c’est un peu plus tard. L’école commence lundi prochain pour se terminer le 24 juillet. L’année scolaire est jalonnée de vacances d’une semaine, jamais plus. Séance photo avant de quitter leur maison haut perchée sur la colline, une vue superbe sur la baie, sur le port, sur Johana. Pas étonnant que Gudmundur soit arrivé de suite en voiture pour nous prendre tout à l’heure. Il nous guettait !! Embrassade, promesse de s’écrire, promesse de se revoir, promesse de venir en France, nous repartons vers le port, nous mangeons un des poissons que nous a donné le 230 livres.

Nous voyons apparaître John, tu sais le pêcheur que nous avions rencontré lors de notre premier passage. Spontanément, quand il a vu les bateaux, il est venu nous voir, heureux de reprendre un peu de contact, de discuter avec nous, de comprendre nos malheurs et de proposer son aide. Comme par hasard, il part aussi avec la même marée que nous, à 10 heures le soir. Ah oui, j’ai oublié de dire, que nous avons décidé de prendre Bonnie en remorque au moins jusqu’à Stornoway. Nous sortons donc du port à couple, Edith est à la manœuvre, impeccable. Puis remorque. Remorque oui, mais c’est juste pour sécurité. Les deux bateaux sont au moteur, Delphinéa sous génois en plus, après réglage des vitesses moteurs, nous filons six nœuds. Pas mal avec une remorque.

Nous attaquons la pointe Sud de l’île. C’est la nuit. John, lui, avait déjà depuis longtemps doublé l’île et filait de l’autre côté vers l’Ouest. Quelques coups de projecteurs pour nous dire au revoir, liaison radio avec Bonnie, où plutôt Guy, sur le canal huit. Avez-vous déjà vu cela ? Un pêcheur, un professionnel de la pêche, qui salue chaleureusement un simple plaisancier en mer. Il faut venir ici pour voir cela. Je pense que les marins de nos régions auraient beaucoup à apprendre de ces gens là. Nous avons remarqué qu’à partir de Stornoway, nous n’étions plus considérés comme des plaisanciers qui emmerdent le monde de la mer, mais comme des marins d’abord. Nous garderons tous un souvenir émouvant de cette escale à Vagur. Les liens tissés sont forts, sincères et désintéressés.

Les courants nous sont favorables, huit nœuds avec Bonnie en remorque. Mais quel bouillon. Heureusement que nous avons écouté les conseils des locaux. Un vrai shaker, nous sommes ballottés comme les glaçons d’un apéritif sophistiqué. Le maître du port avait dit au moins à deux miles des petits cailloux de la pointe, nous avons fait une route à deux miles et nous sommes laissés dérivés jusqu’à trois miles par la simple force du courant, mais quel brassage quand même. Mais quelle satisfaction aussi, car malgré la remorque, nous assurions sept à huit nœuds. Edith, fatiguée, va se coucher, je prends le premier quart. Plus de vent, je rentre le génois. Sortis des fort courants, nous tombons à cinq nœuds cinq.

Trop ballottée, Edith ne peut pas dormir, elle me relève de mon quart au bout de trois heures. Moi j’aime bien être bercé, je m’endors rapidement et le temps passe, passe, je ne m’en rends pas compte, cinq heures qu’elle a fait la bougresse. Elle m’informe que nous ne faisons plus que trois nœuds et demi. La marée a changé, nous avons un nœud de courant contraire. Oui mais quand même, ce n’est pas assez, car à cette vitesse là nous nous prendrons la dépression avec un vent de plus de trente nœuds dans le pif avant d’arriver, et alors Delphinéa sera à court de fuel !! Contact avec Bonnie, ils avaient coupé leur moteur car il chauffait. Le régatier avait complètement oublié qu’il fallait de temps en temps remettre un peu d’eau de refroidissement !! Oui je sais, en régate, on n’utilise pas le moteur, sauf quand on triche. Bref maintenant la situation est rétablie et nous filons plus de six nœuds. Il ne faut pas être en dessous de cinq nœuds pour être dans les temps. L’équipée est quand même un peu curieuse. Deux voiliers au moteur et chacun sont génois seul et une remorque !!! Mais comment va pouvoir faire Michel quand Delphinéa ne sera plus là ???

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un ciel du nord

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un fulmar en vol

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coulee de lave

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Edith

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lave herbe mer

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une maison sous la cendre

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noir et blanc

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un cargo dans la passe de Heimaey

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rouge vert bleu blanc

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route

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encore ces couleurs

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en haut du volcan

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toujours en haut du volcan

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entree de la passe de Heimaey

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un vrai viking

2 août 2008

suite des photos d Islande

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une langue du glacier vatnajökull

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une autre langue du meme glacier

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presque le detail du glacier

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Edith montee sur son cheval

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Apres on les rencontre en mer

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sans commentaire

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c est vrai qu on n y a ete

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les locaux

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plein les yeux

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un morceau d un village bien sympa

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tout le monde croit qu il s agit du cratere d un volcan, mais ce n est qu affaissement de terrain

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c est quand meme mieux qu une centrale nucleaire

2 août 2008

les photos manquantes

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un ciel d Islande

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autour des geysers a geysir

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volcan Hekla

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encore une chute

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une langue du glacier Vatnajökull

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pour ceux qui ne comprennent pas bien : ce sont des montagnes

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la faille separant la plaque europeenne de la plaque americaine

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n oubliez pas de tourner votre ecran, mais attention ca coule. c est le geyser de Geysir

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la chute de gulfoss.

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les phoques paresseusement installes

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riviere paresseuseP1040224__R_solution_de_l__cran_

nuages d Islande

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riviere d Islande

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la petite maison dans la prairie .... version Islandaise

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1 août 2008

islande suite

Le centre et le Nord

Après d’âpres négociations entre nous, nous décidons de louer deux petites voitures normales plutôt qu’une grosse ou un 4X4. Et nous voilà partis à la découverte de ce fantastique pays. Nous vivons ici dans un autre monde, les références ne sont plus les mêmes. Dans une journée, nous pouvons avoir les quatre saisons de l’année. Enfin n’exagérons rien, nous n’avons tout de même pas eu de chute de neige. Première étape vers ce que les guides touristiques appellent le cercle d’or. Il s’agit d’un concentré de ce qu’on peut trouver en Islande. La première rencontre avec l’insolite : Thingvellir. Une faille coupe l’Islande en deux. Du côté Est on a  la plaque tectonique du vieux continent et du côté Ouest celle de l’Amérique. Ces plaques s’écartent l’une de l’autre de cinq millimètres par an !!! Ensuite les geysers. Tiens donc, quelqu’un sait-il d’où vient ce mot curieux ? Simple de la ville de Geysir où on découvre ce phénomène extraordinaire. Le plus haut du monde se trouve aux Etats-Unis. Au fait comment ça marche ?

Un geyser se compose d’un petit cratère dans lequel se déverse l’eau. La colonne d’eau exerce au fond du geyser une pression considérable. La chaleur provoque un jaillissement de cette colonne par intermittence. Puis le cratère se remplit à nouveau d’eau et le phénomène se reproduit. Attention, ça brûle !!

Tout autour du geyser, nous voyons tout plein de touristes, comme nous, qui attendent l’éruption, pour prendre la photo. Très difficile à prendre avec un appareil numérique.

Mais le soir arrive et il faut bien dormir quelque part. Guy et Michel ont une toile de tente, le problème est réglé pour eux. Edith et moi cherchons une chambre, sans succès. Il faut dire que Geysir n’est pas franchement une ville. Nous aurions pu le croire en lisant les documentations et la carte, mais il s’agit d’une station service, d’un hôtel restaurant et d’une auberge de jeunesse. Alors nous avons dormi dans la voiture, enroulés dans une couette. Cela faisait plus de quarante ans que cela ne m’était pas arrivé !  Enfin c’est comme ça, ce sont les aléas du voyage.

Nous prenons une route qui passe entre deux glaciers. Nous arrivons à Gullfoss. Alors là grosse extase. Un torrent puissant, 130 mètres cubes à la seconde, plonge dans une fissure très étroite dans un bouillonnement impressionnant et un bruit assourdissant. Un arc en ciel nous fait la grâce de nous saluer. Nous avons du mal à quitter ce site, mais il le faut bien. Et puis nous reprenons la route, mais là ça commence à se corser comme on dit à Bastia. La route devient une piste, d’abord une piste bien plate, puis ça monte, on attaque les montagnes, les trous se creusent, le loueur nous a bien dit que nous ne sommes pas assurés pour ce type de route. Mais tant pis, nous prenons nos risques. Il faut éviter les trous, passer à côté des plus gros cailloux, mais quel spectacle !! Le glacier Langjökull à notre gauche et devant à droite nous avons le Hofsjökull. Quand on parle de glacier ici,  on ne doit surtout pas comparer cela avec nos petits glaçons coincés entre deux rochers dans nos montagnes. Il s’agit d’espaces glacés de plusieurs centaines de kilomètres carrés. En milieu d’après-midi nous arrivons dans une ferme qui fait couchage style auberge de jeunesse où tu te pointes avec ton sac de couchage. Tout est parfait à part qu’il n’y a pas de courant électrique ici. Donc impossible de recharger les batteries des appareils photos, impossible de décharger les photos dans l’ordi. Enfin on fait avec ou plutôt sans. La journée est loin d’être terminée, on part en ballade, à travers les champs de lave sur laquelle pousse une mousse grise et douce. Nous arrivons au pied d’un volcan et d’un glacier. Contraste saisissant. L’eau de la fonte du glacier serpente entre les coulées de lave.

Le Nord

Après une nuit paisible, nous devons attaquer la descente de l’autre côté, vers la côte Nord de l’Islande. Le ciel est maussade, la piste est détrempée, les voitures ressemblent à un tas de boue. Nous atteignons la mer, cela fait deux jours que nous ne l’avons pas vue, malgré une météo désagréable, nous apprécions sa présence et nous allons coucher chez Knut à Hvammstangi, encore une ferme auberge de jeunesse. Le lendemain nous allons nous balader en bordure de mer et nous découvrons sur le rivage face à nous une colonie de phoques paresseusement installés sur leur plage de sable noir. En longeant le bord de mer, nous admirons les sternes et leurs gracieuses voltes dans le ciel, leurs cris très aigus nous signalent que nous sommes chez eux. Plus nous avançons, plus leurs vols sont bas au dessus de nos têtes, jusqu’au moment où ils attaquent le sommet de nos crânes fragiles. Guy et Michel ont fait les frais de quelques coups de becs bien placés. Après être partis de chez Knut, nous quittons la route principale pour jeter un coup d’œil sur un site signalé par le Routard. Michel et Guy sont juste devant nous dans leur petite Opel Corsa, et nous voyons là une scène bien étonnante. Une colonie de sternes attaque leur voiture ! Je suppose qu’il en est de même pour la nôtre, mais nous ne le remarquons pas. Les pistes c’est fini, depuis un bon moment nous avons le droit à une route bitumée en bon état. Nous allons passer une nuit au bateau, c’est moins cher que l’hôtel, pour repartir le lendemain vers le glacier Vatnajökull.

Le Sud

Le glacier Vatnajökull est le plus grand glacier d’Europe : un kilomètre d’épaisseur par endroits et 8.400 kilomètres carrés, ce qui représente la Corse !!! En plus de cela il travaille lui. On parle en France de l’énorme mer de glace sur le Mont Blanc du côté de Chamonix. Ridicule, il ne représenterait qu’une toute petite langue du Vatnajökull. Mais au préalable nous allons dormir dans une auberge pour jeunes avec sac de couchage, au pied du volcan Hekla dont le sommet est couvert de neige. A minuit Michel et Guy se lèvent pour aller au bout de la piste qui y mène, ils rentrent se coucher, se relèvent vers trois heures pour refaire le même parcours et se recouchent vers six heures, pour se relever avec nous vers huit heures. Tout cela pour dire que ces deux là sont un peu fana de photo et ils voulaient voir les coucher et lever de soleil sur le volcan. Ils sont quand même un peu fou ces deux là. Nous partons maintenant pour escalader Hekla dont la dernière éruption a eu lieu en 2.000. Nous laissons les voitures à six cents mètres d’altitude, le sommet est à 1.450 mètres. Nous croyons une fois encore marcher sur la lune. Des scories noires, parfois rouges et ultra légères couvrent ses pentes, une ancienne coulée de lave à traverser, ce n’est pas très facile, les pierres sont hautes de un à deux mètres et leur surface est acérée. A certains endroits nous devons traverser un névé, ça glisse sous le soleil qui les fait fondre. Lorsque nous sommes près du sommet un nuage s’y accroche, il reste moins de cent mètres de dénivelé. Guy et Michel continuent quand même, Edith et moi faisons demi tour. Je pense que nous avions raison, il n’y avait rien à voir là haut dans le nuage, le froid et le vent. La descente, magique, du surf dans les cendres. Mais arrivé en bas, je constate que mes chaussures sont complètement bouffées. Le soir auberge avec « sleeping bag ». On commence à avoir l’habitude. Il faut dire qu’ici l’hôtellerie est hors de prix. Minimum 150 euros pour une chambre sans aucun luxe. Avec les solutions de « sleeping bag » nous nous en tirons pour 16 à 25 euros … par tête.

Nous sommes maintenant en vue du fantastique glacier. Le soir nous assistons à un phénomène bien curieux. Sous le glacier il y a plusieurs volcans encore en activité. Nous apercevons une file de nuages que le vent nous porte du glacier. Rien d’anormal ou d’extraordinaire à priori. Mais c’est que ces nuages sont provoqués par la vapeur d’eau qui se dégage de la glace quand le volcan éructe !! Après une bonne nuit de repos particulièrement bien méritée, nous prenons la direction du Vatnajökull. Au passage nous traversons la ville, enfin ici ils appellent cela une ville : 500 habitants, donc la ville de Kirkjubaerklaustur. Je cite ce patelin rien que pour la curiosité de son nom absolument imprononçable pour nous autres. Dès que nous sommes assez proches, halte obligatoire pour admirer le spectacle. La glace descend sur les cendres, le bas du glacier en est noir, les cassures sont bleu vert, le soleil donne là-dessus, c’est magique. Nous sommes au pied du glacier, parfois nous entendons des grondements sinistres et lointains. C’est le glacier qui avance tout doucement et se casse. Nous sommes au site de Skaftafell. Nous repartons pour chercher un couchage et nous tombons par hasard à Jökulsarlon. Indescriptible. Une langue du grand glacier descend jusqu’à une petite mer intérieure qui se déverse dans la mer par une sorte de rivière de 200 mètres de long. Le glacier se casse sous la pression et la chaleur de l’été, et on voit un encombrement innommable de petits icebergs qui sont ensuite véhiculés vers la mer par la courte rivière. Le flux de cette rivière est tellement important qu’il créé, arrivé à la mer, des remous surprenant. Lorsque la marée monte, les icebergs sont d’une part refoulés vers la côte sur une plage de sable noir, et d’autre part renvoyés vers la petite mer intérieure par la courte rivière qui alors coule dans l’autre sens. Il y a peu de mots dans notre vocabulaire permettant de décrire ce qu’on peut ressentir en voyant cela.

Je crois intéressant de parler d’un incident qui s’est produit en 1996. Un tremblement de terre a secoué l’un des volcans provoquant une fissure qui a traversé le glacier. Au contact du magma, la glace a fondu, creusant un long tunnel d’eau tiède et soufrée qui s’est écoulé vers la côte. Ceci a occasionné une crue au débit 20 fois plus puissant que le Rhône à son maximum. Résultat : les ponts ont été emportés et la route 1, la seule pouvant desservir l’Est du pays, a été coupée.

L’heure du retour vers Delphinéa a sonné, mais nous aimerions bien faire une petite ballade au dessus d’une langue de glacier. Nous arrivons à nous procurer un plan de ballade et nous cherchons d’où peut bien partir ce chemin qui nous tente. Nous empruntons une route, non une piste très difficile pour nos petites autos et là incident avec la petite Opel de Guy et Michel qui touche un peu sèchement un rocher. Après examen, on, non ils car vous connaissez tous mon niveau d’incompétence, donc ils s’aperçoivent que le carter d’huile est légèrement fendu !!! Nous sommes alors mardi et devons rendre les voitures jeudi matin. Les garçons partent aussitôt vers le bateau pour mettre un emplâtre grâce au matériel du bord. Edith et moi continuons la route touristique seuls. Nous cherchons les sources chaudes pour nous y baigner. Nous nous rendons vite compte qu’il s’agit d’une usine à touristes avec piscines aménagées. Aucun intérêt pour nous autres, rejet total de cette idée. Nous ne visiterons pas les sources d’eau chaude, ou plutôt nous ne les verrons pas dans le but de nous baigner. Nous apercevons à flanc de montagne quelques jets de vapeur intenses et notre curiosité a été mise en éveil. Il s’agit de l’exploitation industrielle de sources chaudes. L’eau est captée et envoyée par de grosses buses isolées vers les villes. Ainsi les habitants disposent d’eau chaude et de chauffage quasiment gratuitement toute l’année.

Nous sommes de retour mercredi après-midi, c’est l’anniversaire de Guy, le pauvre vient d’avoir 58 ans. Encore un anniversaire fêté à bord. Le pauvre vieux commence à avoir du mal à porter ses lourdes années du passé. Enfin c’est ce que nous lui disons, car en fait il est bien plus alerte que nous autres. Les garçons ont réussi à colmater la fuite, nous espérons juste que le loueur ne verra rien. Le lendemain nous rendons les autos, nous plaisantons avec le mec qui contrôle, il ne voit rien. Ouf, c’est passé.

Le tour de l’Islande est maintenant terminé et nous pensons au retour. Donc nous revenons à nos préoccupations de marins, la mer, le ciel, le vent, la route, les escales. Aucun départ vers les Féroé n’est possible avant une semaine car les vents sont contraires, Est à Nord-Est pour aller à l'Est-Sud-Est, c’est pas terrible. Alors nous attendrons. Alors nous attendons.

Hier nous étions en profonde occupation dans une sieste, lorsque nous entendons Guy monter à bord et parler à quelqu’un. Il a rencontré à Reykjavik un couple d’amis, Suzanne et Michel, des Québécois !!! Que le monde est petit.

Alors l’Islande. Un pays hors du commun, cette île est un monde à elle toute seule, plein de contradictions et de contrastes. Le feu et la glace, la plaine et la montagne, le calme plat et la tempête déchaînée, les fjords profonds où on ne peut pas mouiller et les côtes qu’on ne peut pas approcher à moins de plusieurs miles, un pays au niveau de vie très élevé mais qui est surendetté, les promène-couillons pour visiter les baleines côtoient les baleiniers. Et je suppose que j’en ai oublié.

31 juillet 2008

encore et encore

Encore des photos que nous n avions pas pu passerP1030096__R_solution_de_l__cran_

un bebe huitrier

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l eglise a toit de terreP1030208__R_solution_de_l__cran_

l interieur de l eglise

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Johana part vers les Hebrides

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ile de heimaey premier contct avec l islande

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les chasseurs de macareux a l oeuvre

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un macareux en cours de discussion

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cohabitation

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un chapelet d iles volcaniques sorties d une meme faille

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no comment

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no comment

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le Nord de l ile de heimaey

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le port est entre ces montagnes

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depart vers reykjavik

31 juillet 2008

°le voyage continue

les photos que nous n avons pas pu joindre le coup d avant, comme disait sophie._FR12414__R_solution_de_l__cran_

prise par Guy au coiurs d une navigation bord a bord

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notre bon repas de crevettes cheres payees

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le port de stornoway

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les menhirs

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un village de blackhouses

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le phoque affame attend sa pitance

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combat des phoques et des goelands

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une hutte viking

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no comment

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une cabriole du globicephale

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arrivee aux Feroes

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la "ville" de vagur sur suduroy

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une rencontre

30 juillet 2008

feroe ö idslande

Pendant ce temps nous autres avons été nous promener dans Stornoway, petite ville sympa, rien de grandiose. Nous n’y voyons aucun policier. Normal il n’y en a qu’un pour toute l’île car pas de délinquance. Une activité qui tourne autour de la pêche, les touristes sont rares, ici rien n’est fait pour les recevoir. Tout le monde est surpris de voir des étrangers. Au retour, Michel et Edith vont voir un pêcheur qui commençait à triller son poisson. A l’arrière de son bateau les phoques et les goélands se jettent sur les déchets balancés à la mer, ils se battent pour avoir la plus grosse part.

Non, non on ne vend rien.

Edith fait la moue avec un beau sourire.

Un tout petit peu, juste pour nous, on arrive de France.

Tant et si bien que le pêcheur nous file quelques poignées de langoustines encore vivantes.

How much ? demande Michel qui parle couramment l’anglais.

Nothing, nothing.

Personne n’en croit ses oreilles. Le soir on s’est régalé, sauf Guy qui était parti faire ses photos. Nous lui avons quand même laissé sa part qu’il mangera à son retour, mais tout seul.

Edith et moi partons faire un tour de l’île Lewis en stop. Cela marche moins bien que d’habitude, il a bien fallu voir passer une bonne dizaine de voitures avant d’en voir une s’arrêter. Un mec sympa, mais qui connaît mal son pays, car il nous raconte des calembredaines, que nous découvrirons dans un deuxième temps. En effet en passant devant des éoliennes, je lui demande d’où vient l’électricité sur cette île, il nous raconte que c’est de l’énergie hydroélectrique. Curieux, car nous ne voyons aucun barrage. En réalité, il y a un câble qui vient de Ullapool, du « continent » Ecossais. Nous visitons Calanish, un lieu privilégié où des menhirs ont été érigés il y a 7.000 ans. Ici ils appellent cela « standing stones » (pierres debout), et, comme c’est curieux, c’est la traduction littérale du gaélique « menhir ». Il semblerait, c’est que nous apprenons sur le site, que les menhirs soient liés à un rite funéraire car les chercheurs locaux auraient trouvé des ossements au centre de cet ensemble de pierres. Quatre allées partent du centre où les ossements ont été trouvés, dans les quatre directions de la rose des vents. Il pleut, nous repartons, et immédiatement nous sommes pris par un couple d’allemands en BM qui fait du tourisme, et nous passons le reste de la journée en leur compagnie à sillonner le Nord de l’île. Mais que cette île est déserte, aride, pas un arbre, rien que de la tourbe et de la roche. A perte de vue nous voyons des moutons, parfois dans un pré clos, mais bien souvent sans aucune clôture. Cet endroit ne respire pas l’abondance.

A notre retour nous racontons nos journées réciproques à nos amis Michel et Guy. Guy en tant que bon baroudeur a fait connaissance, dans une boutique de tweed tenue par Roni, de Uisdean (on prononce ouchedéane), un Ecossais hors du commun. Il veut tout nous expliquer sur son île. Il fait partie des personnes rares qu’il fait plaisir de rencontrer. Un pur, un vrai, un amoureux de la nature et de son pays. Uisdean aurait voulut être pêcheur, son père a tout fait pour l’en dissuader, car disait-il, il serait devenu alcoolique. Allez donc savoir pourquoi ? Maintenant il est menuisier, mais il a quand même participé à quelques campagnes de pêche. Il nous raconte par exemple qu’il arrive souvent qu’un matelot tombe dans le chalut et soit remonté naturellement sans que personne ne s’en aperçoive avant d’être tourné sur l’axe qui le tire !!! Le résultat est souvent des membres cassés en plusieurs endroits. Lui a eu de la chance, car il ne s’en est tiré qu’avec quelques égratignures et contusions. Un soir nous mangeons avec sa famille à bord, il nous raconte beaucoup de choses sur son île, c’est merveilleux, mais pour moi très difficile à comprendre, car ne maîtrisant pas parfaitement l’Anglais, j’ai du mal à intégrer l’accent Ecossais. Un petit exemple : Deux ans se prononcent en Anglais « tou yirz », les Ecossais disent « tou yeurche ». Cette rencontre restera gravée dans nos mémoires, à tel point que ceci m’a donné, après coup, envie d’écrire une petite connerie :

C’était un lundi, d’étranges étrangers ont abordé les côtes de cette étrange île qu’est Lewis. Le ciel était étrange, mêlé de gros nuages noirs et de portions bleues laissant par ci par là filtrer quelques rayons de soleil. Ces étranges étrangers ont été bien accueillis par les étranges habitants de ce pays qui parlent un étrange anglais avec une patate chaude dans la bouche. Au hasard d’une visite un étrange autochtone a rencontré l’un des étranges étrangers, Uisdean (ouchedéane comme il dit). Il a voulu tout nous faire connaître de son étrange pays. Les landes interminables sans arbres, où les vikings ont tout détruit, le paysage sauvage du bord de mer, une île par-dessus laquelle passe les embruns au cours des rudes tempêtes d’hiver. Il nous a montré les étranges « blackhouses » construites après la guerre, toit de chaume et murs en pierres sèches, une porte de un mètre cinquante de haut, une pièce toute petite chauffée par la tourbe brûlant dans le cheminée, un sol suivant l’inclinaison du terrain.

Il a emmené l’un des étranges étrangers pêcher la truite. Comme c’est étrange tout cela. Il y a quelques jours encore personne ne se connaissait et voilà que maintenant les étranges étrangers et l’étrange habitant de Lewis ne peuvent plus se séparer, ils veulent tout partager, tout connaître de l’étrangeté de l’autre tout en conservant sa propre étrangeté.

Finalement on peut bien dire que si l’étrangeté chez soi ou à l’étranger est bien étrange, elle est bien agréable.

Le dimanche, journée froide et pluvieuse, Uisdean vient nous chercher pour nous emmener en ballade dans sa voiture. La météo semble vouloir nous accorder des vents favorables, nous prévoyons un départ pour le mardi. Lundi soir un petit coup d’Internet et nous décidons de ne pas partir. Il est prévu une saloperie sur Stornoway puis un vent contraire à l’arrivée sur les Féroé. Nous remettons à jeudi. Nous sommes aujourd’hui jeudi et toujours au port, ça burle, Eolie chante entre une voix de Soprano et de ténor. Le petit tour sur Cotweb mardi nous a dissuadé de partir, nous avons bien fait. Complexe cette météo ici.

Depuis que Charles est parti nous savions que nous n’irions pas au Québec. Nous nous doutions que nous n’irions pas au Groenland. Maintenant nous ne sommes pas sûr du tout d’aller même en Islande. Nous avons à peu près un mois et demi de retard sur notre plan de route et nous sommes en train d’attendre, d’attendre, d’attendre. Pendant ce temps nous en profitons quand même pour faire du tourisme. Hier par exemple nous avons encore fait du stop pour aller à l’extrémité Sud de l’île, sur la péninsule de Harris. Un paysage morne, la pierre, à peine un peu d’herbe rase, quelques bruyères éparses, la mer qui rentre dans les terres par de longs lochs encombrés de rochers, aucune maison, aucune vie humaine, seulement des moutons qui se promènent au gré de leur fantaisie. Nul part ailleurs nous n’avons eu l’occasion de voir ce type de paysage rude et aride. Mais le coup d’œil est quand même extraordinaire. Tiens, connaissez-vous l’origine du mot « loch » ? Cela vient de l’Anglais « lake » qui veut dire lac. Les Ecossais prononcent cela « loc ». C’est tout simple.

Pourquoi n’y a-t’il pas d’arbres sur cette île ? Lorsque les vikings sont venus ils auraient coupé une grosse partie de la forêt naturelle, et la légende dit, qu’il y a environ cinq cents ans, un gigantesque incendie ayant duré une année, aurait brûlé tout ce qui restait. Depuis environ une cinquantaine d’année, une opération de replantage est en court, mais c’est bien long, d’autant plus qu’il y a dix ans, un insecte parasite venu de Russie, aurait attaqué et détruit une bonne quantité de ces arbres. Mais que le climat est dur pour ces arbres. Un arbre de trente fait tout juste deux fois ma taille !!

Nous avons passé la journée à tourner en rond. Edith a fait un gâteau avec des pommes et du rhum, Michel et Guy sont venus le partager après qu’on ait fait un tour sur Internet pour la météo. Oui, ça y est on part demain, enfin. Uisdean vient chercher Michel pour l’emmener à la pêche sur un lac. Il ramènera trois petites truites. Lorsqu’ils sont revenus, nous dormions. Ce matin, je trouve sur la banquette du cockpit une bruyère avec ses racines. C’est Uisdean qui l’a déposée là pour que je la replante en France. Michel lui a probablement raconté que j’aimais les fleurs. Il serait heureux, et je vais tout faire pour, si ce petit buisson arrivait à reprendre à Preuilly. Un morceau d’Ecosse à Preuilly dans le Berry. Tiens, au fait, encore une anecdote. En bouquinant sur le Berry, nous découvrons une page de notre histoire. Un traité lie l’Ecosse et la France. Il s’agit de l’audl alliance signée en 1.295 et qui prévoit une assistance militaire. En octobre 1.419, après la guerre de cent ans, une armée Ecossaise, forte de 6.000 hommes, placée sous le commandement de Jean Stuart de Darnley, arrive à Bourges. Cette armée sera renforcée par une autre, de 4.500 hommes, arrivée en janvier 1.421. Cette armée gagnera la bataille de Baugé, en Anjou, sur les troupes du duc de Clarence. En remerciement, Jean Stuart de Darnley recevra la seigneurie de Concressault en Berry. Depuis le traité n’a jamais été annulé et est donc toujours en vigueur !!!

Les Féroé

Nous sommes vendredi, nous avons largué les amarres et faisons route vers les Féroé. Enfin parti. Mais pas de vent, c’était attendu, nous préférons cela à une avoinée. Un banc de globicéphales vient nous saluer. Certains font des cabrioles, nous n’avons jamais vu cela. Parfois un couple saute ensemble. Superbe, unique. Nous doublons rapidement les Hébrides par le Nord et nous trouvons une houle longue comme en Atlantique et nous nous disons « enfin de la mer libre ». Le vent se lève un peu, du Nord-est, pas terrible pour nous. La mer devient hachée, courte, dure, cassante. Parfois Delphinéa est sur deux crêtes à la fois avec des creux de deux à trois mètres. Parfois elle descend d’une crête pour se planter dans le bas de la vague suivante, sous la mer presque jusqu’au pied de mât. D’autres fois elle monte sur la vague qui arrive et, arrivée en haut, n’a plus d’eau pour la soutenir, alors splash de tout son poids. Dur à supporter. Après deux journées et une nuit, un appel sur la VHF : « Delphinéa, Delphinéa de Bonnie ». Michel nous fait part de nouveaux problèmes avec son moteur. Nous n’hésitons pas, nous le prenons en remorque aussitôt. Manœuvre difficile dans cette mer dure. Mais finalement tout s’est bien passé. Nous avons encore une bonite au bout de notre ligne. Le vent tourne Sud, nous établissons le génois, avec la vitesse du bateau nous sommes au largue et filons sept nœuds avec Bonnie en remorque !!!

La première île est en vue, Suduroy. C’est là que nous allons, au port de Vagur au fond d’un fjord. Il est six heures le matin du dimanche quand nous entrons dans le fjord. Le plafond est bas, la pluie est là, un petit village avec ses maisons colorées est accroché au bas de la montagne, au milieu de la verdure. Nous larguons Bonnie, et entrons dans le port, à couple avec un vieux gréement, un ketch de 130 ans. Aussitôt nous avons la visite du capitaine du port, il est déjà huit heures, pour nous souhaiter la bienvenue.

Une fois encore nos pavillons Français font bon effet. Tout le monde cherche à discuter un peu avec nous. Nous avons la visite du douanier, pour le contrôle des alcools, de la police pour les passeports, et tous en profitent pour discuter un peu. Vraiment très bien accueillis. Le prix du port, il faut en parler. « Mais pour vous c’est gratuit », nous dit le capitaine du port !!! Le soir de ce dimanche nous allons regarder le débarquement d’un petit bateau de pêche, histoire de prendre quelques photos. La discussion inévitable s’engage, je réponds avec les quelques mots de suédois qui me viennent à l’esprit. Le pêcheur pense que je suis Norvégien. « Oh Français » , dit-il tout ébahi. « Un poisson t’intéresse » ? «  Oh oui ». Il m’en donne deux, deux gros colins. « Combien » ? « Mais tu plaisantes, rien du tout » !!!! Nous apprenons leur méthode de pêche. A la ligne. Chaque bateau est équipé de plusieurs traînes très sophistiquées et surtout pas de filet ou de chalut. Ces méthodes sont réservées à la pêche dans les eaux internationales.

Lundi soleil éclatant, nous grimpons sur une montagne (435 mètres) dominant tout le coin. Superbe, extraordinaire, nous voyons la mer de tous les côtés, la vie sauvage. En montant deux huitriers sont très excités par notre passage. Sans doute y a-t-il un nid dans les parages. Nous le trouvons, et découvrons un petit, pas encore prêt à voler. Pendant la descente à travers champ, nous sommes attaqués par un couple d’oiseau marin. Nous avons cru d’abord à des goélands, mais ils étaient bien différents, couleur fauve terne presque gris. Ils nous passent à quelques centimètres de la tête en hurlant. Effectivement nous voyons un petit mal planqué, habillé de son duvet jaune clair comme un canard. Un peu plus bas Michel a failli buter dans un jeune goéland presque prêt à voler, qui se sauve en courant et battant des ailes comme un fou. Au retour nous faisons connaissance de Goodman, patron du chantier naval local en charge de l’entretien de Johana le vieux gréement qui nous propose d’utiliser ses douches, et une connexion 220 volts. Nous acceptons le 220. Il nous dit où se trouve la clé de son bateau au cas où nous aurions besoin de quelque chose. Avez-vous déjà vu cela ?

Le ciel s’est couvert, il a fait trop beau dans la journée de lundi, et le ciel s’est mis à transpirer toute la journée de mardi et surtout la nuit qui vient de passer. C’est comme ça ici. Beaucoup de pluie, mais vraiment beaucoup. Le ciel fini par se dégager, nous partons à pieds vers Porkeri un petit village à cinq kilomètres d’ici qu’on dit être typique. Nous découvrons un musée où on été entassés des outils d’un autre temps. En fait en passant devant, nous l’avons vu fermé, nous en avons fait le tour et jeté un coup d’œil à l’intérieur. En en repartant, un type vient nous voir et nous demande si une visite nous intéresse. C’est un vieux marin au long court, connaissant tout de la mer, il nous fait la visite. Il demande si nous serions intéressés aussi par la chapelle. Un coup de fil et le directeur de l’école vient aussitôt pour assurer les commentaires. Curieuse cette chapelle luthérienne. Construite en 1847, sur le toit de la terre sur laquelle pousse de l’herbe. L’intérieur est en bois parfaitement entretenu, à tel point qu’on a l’impression qu’elle date de la fin du vingtième siècle. Il nous raconte qu’au début 1.900 une terrible tempête a failli tout écrouler. Juste une poutre qui a commencé à péter. Réparation, renfort et ajout d’une autre poutre a permis à cette chapelle de faire face à toutes les tempêtes qui ont suivi. Pendant ce temps là Guy fait connaissance du journaliste local. Il fait un article d’une demi page, avec photo, sur notre équipée, enfin surtout celle de Bonnie, avec son pavillon Tibétain. Tout le monde maintenant nous connaît dans le village.

Vendredi soir, Johanna part en croisière pour dix jours. Port williams en Ecosse, canal calédonien, Inverness et retour. Il s’agit de policiers voulant se faire un petit plaisir. Tout le village, ou presque était là pour saluer leur départ. Ce matin samedi, Michel prend les amarres d’un pêcheur qui vient d’arriver de trois jours de mer. Il nous file une bassine de colins. Nous l’invitons à prendre l’apéritif à bord. On discute de bien des choses, de la mer, du prix du fuel. Au cours de cette campagne il a consommé 900 litres de fuel. Il a pêché sept tonnes de poisson à la ligne en neuf heures. Ils sont trois à bord, ceci veut dire que chacun a remonté presque trois cents kilos de colin à l’heure. Ces poissons sont vidés lorsque le bateau arrive à quai !! Le nom du pêcheur est John, c’est un écossais. Tout le monde sait bien que, dans nos eaux françaises, les rapports entre les pêcheurs et les plaisanciers ne sont pas franchement au beau fixe. Et bien, ici, chacun a un plaisir non dissimulé à rencontrer l’autre.

Nous avons décidé, il y a quelques jours, d’arrêter la montée vers Nord, ici aux Féroé. Mais nous sommes quand même si près de l’Islande !! Alors, avant-hier samedi, nous avons décidé de laisser Bonnie ici où nous connaissons du monde qui nous aime bien, et de partir tous les quatre à bord de Delphinéa pour faire un saut en Islande, sur la côte Sud-Est, au pied du glacier. Donc maintenant nous sommes en attente de la bonne météo. Pas de départ prévu avant deux ou trois jours. Un vent constant et soutenu nous vient du Nord Nord-Est. Delphinéa n’est pas un bateau de près, alors pour faire nos trois cents miles au Nord-Ouest, nous attendrons un vent de secteur Sud ou Est.

Hier, le ciel s’est couvert, la mer subitement s’est ridée, les goélands se sont mis à virevolter dans l’air au dessus du port, les haubans se sont mis à siffler, le Nord-Est s’est levé, pus fort que prévu. Nous pensions être très abrités par la colline sur notre arrière, mais parfois l’air s’écrasant sur l’autre versant, redescend en s’accélérant sur la pente qui nous fait face. On appelle cela un « ventury ». Usant, pénible, inquiétant même parfois.

Guy, tellement heureux de savoir que nous irons en Islande, prend quelques infos de ci, de là. Tant et si bien que le soir « réunion de service ». Nous avions prévu atterrir au Sud-est de l’Islande, au pied du glacier Vatnajökull, le plus grand d’Europe, rester quelques jours, puis repartir. Mais Guy nous dit que le plus intéressant dans ce pays est plutôt la partie Sud-Ouest. Pour nous aucun problème, mais il s’agit là d’une autre navigation, plus de cinq cents miles, d’une autre météo, une route presque plein Ouest, et beaucoup de risques d’attente pour le retour. Mais Guy nous dit qu’alors il pourrait reporter ses rendez-vous prévus à mi-septembre. Alors tous d’accord, nous décidons de partir sur Reykjavik. Une halte serait possible à l’île Helmaey, ce qui ferait un peu plus de cent miles en moins. Un Nord-Est est annoncé, nous décidons de partir. Oui, mais avec ce vent là, il faut passer par le Sud de Suduroy. Cette pointe est toujours soumise à de forts courants, nous prenons les infos auprès de la capitainerie et des pêcheurs. Il faut passer à marée montante, donc départ à 18 heures 30. Les pêcheurs nous ont dit, pour éviter les perturbations dues au courant, de raser les rochers de la côte. Conseil utile, conseil suivi, mais c’est vrai, qu’est-ce que ça bouillonne à cent mètres sur notre bâbord. Enfin nous sommes passés. Maintenant il n’ y plus qu’à …. Et c’est parti pour cinq jours de mer, nous sommes mercredi.

Nous captons les cartes météo, et oh surprise, nous nous croyions très abrités derrière un rideau de hautes pressions sur notre Ouest, mais celle située au Sud du Groenland se resserre vers le Sud et permettrait à une grosse dépression, centrée sur le Labrador, de passer vers le Groenland. Confirmation douze heures plus tard. Nous prévoyons donc de faire escale à l’île Helmaey. Nous devrions y arriver quelques heures avant la saloperie. Ce sera juste, mais ça devrait passer, nous pourrions y être samedi après-midi. Le Nordet soutenu nous permet de filer à plus de sept nœuds, c’est super. La vie s’organise à bord, Guy et Michel prennent leurs marques. Nous sommes déjà vendredi, nous avons fait la moitié du parcours, nous n’avons plus de vent, nous sommes au moteur, nous n’avons pas vu un seul autre bateau. Ce matin je prends mon quart après Guy à quatre heures et demi. Plein jour bien sûr, et oh surprise j’aperçois au loin sur notre tribord un objet flottant non identifié. Un pêcheur ? Sûrement pas, nous sommes dans une zone de mille à deux mille mètres de fond. Un cargo ? Peut-être, un petit alors. Un militaire ? Pas impossible, mais il n’y a pas d’armée en Islande et probablement pas aux Féroé non plus. Un navire scientifique ? Pourquoi pas, on fait beaucoup de mesures sismiques ici. Mais rapidement il est perdu de vue. Mon analyse météo me confirme qu’il faut bien arriver à un abri samedi. Alors prions.

Le onze juillet est arrivé sans prévenir. C’est l’anniversaire de ma naissance. Alors, un menu spécial : foie gras, confit de canard, petites pommes de terre sautées, crémant de bourgogne, Maranges 2.000. En prime le vent portant, la mer dans tous les azimuts.

L’islande

Samedi dans la matinée, l’Islande est en vue. Le vent forcit, par l’arrière, nous gardons uniquement la grand-voile, une fois n’est pas coutume, puis nous prenons deux ris. Nous filons malgré tout sept nœuds. Nous arrivons à notre île refuge, Heimaey. Michel à la barre. Impressionnant (ce n’est pas pour Michel ces caractéristiques), lugubre, roches noires tombant à pic dans l’eau noire. Mais où est donc le passage ? Nous allons droit sur la falaise et on ne perçoit pas la passe d’entrée. Nous sommes à six nœuds, ça va faire du dégât !! Alors demi tour, on affale et entrons à petite vitesse avec Babar. Passe étroite, lugubre, une falaise, sur la falaise de nombreuses taches blanches. De la neige ? De la glace ? Si près de l’eau ce n’est pas possible. Nous sommes tout près des rochers maintenant, et nous comprenons qu’il s’agit des fientes d’oiseaux marins des fulmars boréaux et des goélands qui nichent dans chaque petit replat. Il pleut franchement, nous sommes transpercés par ces petites gouttelettes poussées par le vent. Deux heures après l’arrivée à quai, le vent a commencé à forcir sérieusement, nous sommes bien au port. L’accueil est fantastique ici. Le plaisancier, et surtout l’étranger, est vraiment le bienvenu. Tout le monde a le sourire en nous croisant. La capitainerie fait tout pour nous satisfaire et nous faciliter la tâche. Ils appellent eux-mêmes la douane, nous font la remarque que nous aurions dû appeler les « coast guard » avant d’arriver : « vous ne saviez pas ? Bah ce n’est pas si grave, maintenant nous les avons prévenus ».

Un douanier vient nous voir une heure après, simple formalité, aucune question sur les alcools et les légumes frais que nous avions, alors que notre guide du routard nous prévenait que la réglementation est très sévère et stricte sur ces sujets là.

Après une nuit de repos bien mérité, nous partons à la découverte de l’île. Un dépaysement total. Une île volcanique, même qu’au cours d’une éruption, la coulée de lave a bien failli boucher le port. Cette éruption a duré plusieurs mois, et la lave avançait chaque jour. Les Islandais ont installé des pompes à débit énorme, 400 mètres cubes à la seconde, pour refroidir la lave descendante. Ce débit n’était pas suffisant, d’autres pompes plus puissantes ont été importées des Etats-Unis. Enfin ils ont réussi à sauver le port. Sans doute savaient-ils que Delphinéa irait les voir. Nous marchons dans les scories, nous avons l’impression de marcher sur la lune, peu de végétation, normal nous sommes au pied du volcan Helgafell, c’est lui qui s’est réveillé le 23 janvier 1973 après une inactivité de 6.000 ans. Impressionnant, un peu plus loin nous voyons des collines abruptes avec un petit peu de végétation d’un vert soutenu. Ceci n’est pas sans rappeler l’île de la Réunion à Michel.

Un autre jour, nous partons à la chasse, photo bien sûr, des macareux. Nous les trouvons sur le flanc d’une colline que nous devons escalader. Spectacle extraordinaire, nous sommes dans un autre monde. Le sommet est une arrête moins large que notre chaussure. Les macareux virevoltent dans tous les sens, des acrobates. Le lendemain nous partons à pied à l’extrémité Sud de l’île, environ cinq kilomètres. Nous y trouvons des plages de sable noir, mais noir de chez noir. Un vent puissant d’Ouest nous fait penser que ce serait bon pour revenir vers les Féroé, mais ce n’est pas encore le moment. D’une petite cabane, nous pouvons observer, bien à l’abri, les macareux faire leurs cabrioles, parfois ils sont attaqués par les goélands. Jamais aucun ne s’est fait prendre. Ils sont bien plus rapides. Il y en a quand même un qui a eu vraiment chaud aux fesses. Le ciel est clair et nous avons la chance de voir jusqu’à l’Islande. Et là, spectacle magnifique. Des montagnes, un glacier énorme Mydalsjökull. Ce n’est pas le plus grand d’Islande, mais, mon dieu qu’il est grand.

Le 14 juillet (cette date rappelle-t’elle quelque chose à quelqu’un ?) un bateau avec six Irlandais à bord accoste à côté de nous. Le soir ils sont à notre bord, histoire de faire connaissance avec nos habitudes françaises. Ils viennent avec une bouteille de whisky Irlandais. Tiens, au fait, nous en profitons pour apprendre d’où vient le mot whisky : en Irlandais on dit whiskey, c’est la déformation de « uisce beatha » signifiant littéralement « eau de vie ». En tout cas nous avons fait bonne connaissance, il y avait John, Jim, John, Franck, David. Un seul n’a pas fait de prison ….. Parlons de leurs métiers : vétérinaire, banquier, toubib, musicien. Rien que des gens respectables quoi. Nous avons beaucoup parlé, beaucoup salué la révolution Française, et l’amitié Franco Irlandaise. Quand ils sont partis la bouteille de Crémant de Loire était vide, la bouteille de whiskey … il n’en reste presque plus, la bouteille de pastis a pris une sérieuse claque, même qu’ils ont aussi goûté à l’eau de vie de prune et David a dit : c’est du sérieux ça !!! Sur le ponton, en partant, Jim soutenait John, aucun n’est tombé à l’eau, mais c’était parfois du juste, sans doute l’instinct de survie.

Aujourd’hui mercredi, à notre grande surprise, la météo est correcte pour partir sur Reykjavik, alors départ. Edith prépare la route, Michel va la suivre. Temps clair, les glaciers blancs se détachent sur le ciel bleu clair et sur l’eau bleu foncée. Magique. Au loin on aperçoit deux taches de lumières se détachant sur les nuages noirs du couchant. Guy émet l’hypothèse d’un mirage de deux icebergs qui serait près du Groenland. Pourquoi pas. A mon avis, il ne fait tout de même pas assez chaud. Puis Guy pense à une éruption volcanique sous-marine et ce serait de la vapeur. Nous serions en train d’assister en direct à ce phénomène étrange. Faut-il s’éloigner pour la sécurité ou s’approcher pour la curiosité ? Finalement il s’agit de deux bouches d’un volcan que nous doublons quatre heures après dans une odeur très prenante de souffre. Au petit matin de grosses masses noires émergent parfois de l’eau. Des cétacés, c’est sûr, mais lesquels ? Globicéphales, rorquals communs ? Ils sont trop loin, impossibles à identifier pour des ignares comme nous. Tout ce qu’on peut dire c’est qu’ils ne sont pas venus nous saluer, ils ne sont pas en groupe, ils ne sautent pas hors de l’eau et on ne voit jamais leur queue. En tout cas nous sommes amarrés au port de Reykjavik. Maintenant nous allons nous organiser pour visiter l’Islande.

20 juin 2008

ECOSSE SUITE

Port Ellen

En arrivant sur cette île, Bonnie avait quelques problèmes avec son moteur. Le rendez-vous est pris avec le mécanicien local pour jeudi matin à neuf heures. Mais à neuf heures personne, rappel, je viens demain. Samedi toujours personne. Guy arrive à obtenir un rendez-vous pour dimanche. Nous sommes lundi, toujours personne. Cool ces écossais. Ils ne sont pas sans ressembler à nos Méditerranéens. Oui, oui je vais venir. Ils oublient juste de préciser le fond de leur pensée : peut-être un jour. Finalement, nous décidons de partir vers un port où un chantier est implanté.

Petite Edith en sautant pour descendre du bateau pousse un cri à déchirer les tripes d’un mort. Elle se tient le bras. Surprenant de se faire mal au bras en sautant, j’aurais plutôt pensé à une cheville, mais non ce fût le bras. On ne sait pas trop ce que c’est, sans doute un claquage ou luxation. Pommade.

Le moteur de Bonnie semble tourner correctement, nous préparons malgré tout une remorque pour être prêt au cas où. Puis une rencontre hors du commun. Au loin, droit devant, nous apercevons une grosse bête dans l’eau. Chacun y va de son pronostique : un dauphin, un globicéphale, une baleine. C’est la baleine qui finalement emporte le maximum de voix. Eh bien non. Nous arrivons dessus à toute petite vitesse, la bête ne se sauve pas, nous sommes limite à devoir manœuvrer pour l’éviter. Mais c’est un requin, un requin pèlerin, au moins dix mètres le bougre. Curieux qu’il est. Il vient le long du bateau pour voir de plus prêt qui sont ces importuns. Le long de la coque qu’il était. Puis il décide, très lentement à aller voir Bonnie. Nous apercevons Guy faire des photos, elles seront sans doute bien meilleures que les miennes.

Ardfern

Nous entendons sur notre VHF : « Delphinéa, Delphinéa de Bonnie ». Michel nous explique que son moteur fait encore des siennes. La remorque est prête, nous l’attendons, ça y est, nous le tirons. Arrivés au port d’Ardfen, nous le larguons, Il peut faire sa manœuvre tout seul. Maintenant il va falloir faire un diagnostic et prendre une décision pour la suite du voyage.

J’ai reçu quelques critiques sur le baratin précédant. Des « admirateurs de Pierre » ont dit que l’arrivée et le mouillage à l’île de Man n’ont pas été tout à son honneur. Alors je me dois de préciser. D’abord, je n’ai cité cette anecdote que parce qu’elle est truculente. Et puis, un peu avant, je n’avais pas cité le fait que, sans Pierre, nous aurions échoué dans un élevage de poissons. En effet Pierre était à la barre et moi à la table à carte, en train de donner la route à suivre :

+ 10° sur tribord

T’es sûr ? C’est pas possible.

Si, si j’te dis, sur ma carte il y a une bouée jaune délimitant une ferme aquacole, nous pouvons aller dessus.

Mais si on fait + 10 comme tu dis, nous la prendrons largement sur notre bâbord !!

Mais non, je vois où on est sur la carte, dis-je sans mettre le nez dehors.

Tant et si bien que je suis monté sur l’insistance de Pierre et effectivement nous allions droit dans la ferme. La bouée était belle et bien sur le bâbord et il a fallu la contourner. Comme quoi, une équipe est faite de compétences complémentaires.

Alors Sylvain, t’es content maintenant ?

Mais la môme Edith a toujours mal à son bras, les pommades n’y ont rien fait. Alors nous allons chercher un toubib. Ca va être dur à expliquer avec mon anglais de cuisine.

Depuis Islay, on prononce « aillela » et ce doit être là où habite les Tamalous, nous avons pris l’habitude de faire du stop. Ici on dit « take, ou have, a lift ». Ca marche super bien. Sur les petites routes, dès qu’une voiture passe elle s’arrête. Le seul problème est de se trouver sur une route où il passe des voitures. Nous avions eu pour idée, sur Islay, de prendre une toute petite route pour traverser l’île, mais le pb c’est qu’il n’y passe personne. Nous avions bien dû faire une dizaine de kilomètres à pieds. Donc nous partons en stop pour Oban, visites, rien d’extraordinaire, mais sympa.

Ile de Mull

Bonnie, pas prête, Bonnie merde avec son moteur, la panne est enfin identifiée, un injecteur est HS., mais pas d’injecteur disponible sur place. La pièce n’arrivera que dans cinq jours. Alors nous décidons, tous ensemble, de laisser Bonnie avec Michel et Guy dans leur triste sort et de partir faire du tourisme pendant qu’ils attendent leurs pièces. Nous nous retrouverons sur la route. Nous avons plus d’un mois de retard sur notre programme, alors nous décidons de forcer l’allure jusqu’à Stornoway au Nord Ouest de l’Ecosse, pour filer directement sur les Féroé, et faire du tourisme en Ecosse au retour. Mais il faut attendre Michel. Nous sommes actuellement à Tobermory sur l’île de Mull, petit mouillage sympa dans une baie bordée de maisons multicolores. Du stop encore pour faire le tour de l’île, ça marche, tous sont d’une très grande gentillesse. Même que nous avons été pris par une dame d’un certain âge. Nous avions bien remarqué, à sa manière de parler qu’il s’agissait d’une personne de classe, eh bien tenez-vous bien c’était la châtelaine habitant le château que nous allions visiter !!! Aujourd’hui les châtelains ne sont plus ce qu’ils étaient. Son fils a repris l’exploitation du château, c'est-à-dire B&B, élevage de moutons et vaches des Highlands, celles qui ont les longs poils, mais aussi cultures potagères pour le « coffee shop ».

Une autre fois nous tombons sur un couple d’Anglais en camping car, nous prend pour deux trois kilomètres vers le château de Duart. Eux aussi voulaient visiter ce château. Nous avons été un peu plus lents qu’eux, eh bien ils nous attendaient à la sortie dans leur véhicule. Ils nous proposent de nous emmener avec eux au bout de l’île plutôt que de retourner de suite au bateau. Il est bien évident que nous acceptons, même qu’ils nous ont ramené jusqu’au bateau. Jamais je n’ai vu cela. Il a fallu que j’attende d’avoir 65 ans pour constater que le stop ça marche.

Petit Pierre en a marre d’attendre. Oui attendre, attendre, attendre. Depuis que nous sommes en Ecosse, nous ne faisons pratiquement que cela. D’abord ce fût la météo à Bowmore, puis Bonnie avec ses problèmes de moteur à Port Ellen, à Ardfern puis à Tobermory où elle a fini par nous rejoindre. Maintenant c’est la météo qui n’est plus favorable. Alors on attend et Pierre en a assez. Je le comprends, mais je le regrette aussi. Tant et si bien qu’il décide de nous quitter et de rentrer voir sa petite Patricia qui commence à lui manquer sérieusement. Je ne sais pas s’il a pris la bonne décision, car aujourd’hui lundi 16 juin, il est monté dans un bus, et nous sommes partis une heure après vers Stornoway. Je ne suis pas sûr de la météo, mais nous prenons le risque. Actuellement en mer, Edith et moi sommes seuls à bord, cela ne nous gène pas bien sûr, mais il est quand même vrai que petit Pierre nous manque un peu.

Stornoway

Une heure après que Pierre ait pris son bus, nous larguons les amarres, direction Stornoway. La mer est plate, le ciel est bleu, le soleil nous chauffe, le vent est nul, mais Babar est là. Deux heures après, un léger Sud-Ouest se lève, s’était prévu, il nous accompagnera jusqu’au bout. Edith fait le pain pendant la navigation, c’est super. Le vent forcit, deux ris dans la grand voile. Eole ne s’est pas moqué de nous force six à sept. Mais il ne fallait pas traîner, car la fameuse dépression scotchée au Sud de l’Islande devenait venir nous titiller au Nord des Hébrides. Le navtex nous annonçait sans cesse des avis de coup de vent sur toutes les zones autour de nous, force huit forcissant 9. Le ciel s’assombrit, le plafond est bas, il se met à pleuvoir, le vent forcit sérieusement, nous commençons à comprendre ce qu’est vraiment le temps écossais. L’île Lewis nous apparaît à la nuit tombante, vers 23 heures, la tête dans les nuages, les rochers noirs, c’est sinistre, c’est comme cela que tous se représentent l’Ecosse. Mais nous nous savons que l’Ecosse est belle, que le soleil y brille souvent. En trois semaines d’Ecosse, nous avons eu 2 jours de mauvais temps !!! Personne ne veut nous croire, mais c’est pourtant la réalité. Enfin nous sommes arrivés à temps. Cent sept miles en dix huit heures, pas mal non !! Après une nuit, où ce qu’il en reste, de repos, la tempête est sur nous, mais nous sommes à l’abri. Je pense que maintenant nous en avons pour plusieurs jours, voire une semaine à attendre la bonne volonté des dieux de la mer pour continuer notre voyage.

Edith donne un petit coup de fil à Patricia pour avoir des nouvelles de Pierre, car son voyage de retour était quand même un peu compliqué : bus de Tobermory à Craignure, ferry vers Oban, bus vers Glasgow, avion pour Beauvais (ce n’est pas une faute de frappe), bus pour Paris, métro pour aller passer la nuit chez des amis, puis train jusqu’à Lorient. Tout ne s’est pas passé comme prévu. Le bus pour Glasgow l’a déposé au mauvais aéroport. Le temps de comprendre et de prendre un autre bus ou taxi, je ne sais pas, Pierre a raté son avion de 5 minutes. Arrivé à Beauvais le lendemain, il tombe sur une folle journée de grève due, si j’ai bien compris, à une protestation nationale contre l’augmentation du prix de l’essence, ses amis qui devaient le recevoir ne sont pas joignables, car au travail. Enfin il est quand même arrivé dans les bras de Patricia.

Pendant ce temps nous autres avons été nous promener dans Stornoway, petite ville sympa, rien de grandiose. Une activité qui tourne autour de la pêche, les touristes sont rares, ici rien n’est fait pour les recevoir. Tout le monde est surpris de voir des étrangers. Au retour, Michel et Edith vont voir un pêcheur qui commençait à triller son poisson. A l’arrière de son bateau les phoques et les goélands se jettent sur les déchets balancés à la mer.

-          Non, non on ne vend rien.

Edith fait la moue avec un beau sourire.

-          Un tout petit peu, juste pour nous, on arrive de France.

Tant et si bien que le pêcheur nous file quelques poignées de langoustines encore vivantes.

-          How much ? demande Michel qui parle couramment l’anglais.

-          Nothing, nothing.

Personne n’en croit ses oreilles. Le soir on s’est régalé, sauf Guy qui était parti faire ses photos. Nous lui avons quand même laissé sa part qu’il mangera à son retour, mais tout seul.

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une rencontre

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un repos bien m

erite

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la station service du coin

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explication de pierre avant son depart

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un nouveau copain d edith

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en pleine action

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la vie sauvage et naturelle

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nous avons peche une bonnite

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dur pour trouver la route

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tres british

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le chateau de la chatelaine

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Tobermory plein de couleursP1020695__R_solution_de_l__cran_

un phoque reclamant sa pitance au pres des pecheurs

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delphinéa au groenland
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