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delphinéa au groenland
22 août 2008

le retour

Retour

La première semaine d’août est déjà entamée, nous n’avons pas visité toute l’Islande, mais l’heure a sonné pour nous de repartir. Alors nous attendons la bonne occasion. En attendant nous visitons Reykjavik. Une ville sans beaucoup d’intérêt, une grande ville, 185.000 habitants, plus de la moitié de la population Islandaise. Une ville moderne, des immeubles, une banlieue, comme toutes les villes du monde. Seul le centre offre donne une sensation d’étranger, de nordique, de scandinave. Une place du centre ville est fréquentée par de pauvres hères désemparés, des garçons d’une bonne quarantaine d’années qui semblent n’avoir plus qu’un seul plaisir dans la vie : se cuiter à la bière. Un après-midi, Edith et Guy s’offrent le luxe d’aller faire un tour dans une piscine en plein air chauffée par les sources naturelles. Plusieurs bassins. Chacun à une température différente. La plus chaude 42 à 44 degrés centigrades. Il paraît que c’est formidable. Enfin, ceci n’engage que leur avis.

Une dépression s’est formée au Sud-est du Groenland et a des velléités de monter plus au Nord au lieu d’aller vers l’Est. Si elle continue sa course et monte au dessus de l’Islande se serait absolument fantastique, car nous aurions alors des vents de Sud, puis Sud-ouest, puis Ouest puis Nord-ouest. Pour une route Est-sud-est ce serait vraiment parfait et j’accepterais même des vents assez forts. Mais nos espoirs sont déçus car elle ne veut plus monter, et se contente d’un déplacement paresseux vers l’Est. Ceci nous donnera un Sud-est, puis un Est, en plus de cela elle se creuse, nous laissant présager trente à quarante nœuds qui seront dans le pif. Alors quoi faire ? Nous décidons de partir sur les îles Vestman, à Heimaey pour être précis et d’y attendre son passage, bien à l’abri. Mais cette route nous devrons la faire au moteur, car aucun souffle ne fera son apparition. La route pour les Féroé sera alors un peu plus courte, cent miles de gagnés, mais surtout plus simple à gérer car un seul vent suffira.

Nous sommes le mercredi 6 août, et nous sommes en mer à longer les côtes d’Islande, sans vent. Quelques globicéphales viennent saluer notre départ, mais ne s’attardent pas. Un salut discret, respectueux, pas de cabrioles. Au loin nous apercevons les rorquals que les « whale tour » font visiter sur les promène-couillons en les nommant baleines. Michel soudain s’affole, il a vu une baleine, une vraie, suffisamment près pour l’avoir identifiée, deux fois il l’a vu plonger, puis plus rien. Il est toujours le seul à en avoir vu. Je me demande, si parfois, à l’abri des regards indiscrets, il ne se mettrait pas à fumer quelque chose de curieux !!! Nous avançons à vitesse réduite, car nous en profitons pour pêcher dans ces eaux particulièrement poissonneuses. Deux lignes au cul du bateau. Une première prise un fulmart. Il arrive à ce détacher tout seul parce que nous avons coupé les gaz. Deuxième prise, un autre fulmart qui a emmêlé un des fils autour de son aile. Nous sommes obligés de le remonter à bord pour le libérer. Michel s’en charge, il, le fulmart, n’aime pas ce contact, je le comprends.

Mais le 6 août est quand même une date un peu particulière à bord. C’est une date d’arrosage, une date douce, une date de bonheur, c’est l’anniversaire d’Edith. Nous fêtons cela le soir. Le coup était prévu, donc nous avons tout ce qu’il faut. Foie gras de canard, crémant de Loire, de belles échines d’agneau avec quelques pommes de terre sautées, Maranges 2.000, et une bonne tarte. C’est le quatrième anniversaire que nous fêtons à bord depuis notre départ.

La nuit arrive. Oui maintenant le temps a passé, nous ne sommes plus dans le pays où la nuit n’existe pas. Certes elle n’est pas très longue, environ deux heures, mais elle est marquée. Edith, compte tenu de la situation, est dispensée  de quart. Michel prend le premier, suivi de Guy puis ce sera moi. Nous ferons des quarts de trois heures.

Heimaey

De retour sur Heimaey, nous sommes toujours aussi ravi du spectacle, mais cette fois nous savons bien par où il faut passer, nous ne sommes plus impressionnés que par la beauté du paysage, les falaises abruptes avec dans chaque anfractuosité des nids d’oiseaux, goélands et fulmars qui chient partout laissant des traînées blanches sous leur nid. Heimaey nous connaissons, mais sommes encore impressionnés par la sauvagerie du site, et nous profitons de cette attente pour faire d’autres ballades, d’autres visites. Nous apprenons en détail comment s’est passée cette fameuse éruption de 1.973 qui a failli détruire toutes les maisons et boucher l’entrée du port. La lave s’est arrêtée à quelques mètres de certaines maisons encore habitées aujourd’hui. L’éruption avait commencé le 23 janvier et avait duré 5 mois. Les 5.000 habitants de l’île ont pu être évacué, soit par les bateaux de pêche, soit par les avions cargos américains, 400 maisons ont été englouties.

Aujourd’hui mercredi 13 août, une météo nous est enfin favorable. Au revoir l’Islande, nous sommes partis pour 400 miles, nous espérons arriver à Vägur samedi soir. Il ne faut pas traîner car une saloperie est en cours de formation et apportera 30 à 40 nœuds d’Est dans la nuit de dimanche à lundi.

Un vent d’Ouest-nord-ouest nous permet de filer cinq à six nœuds, c’est super. Une nuée de fulmars nous accompagne. Ces oiseaux sont extraordinaires. Ils virevoltent dans tous les sens à une vitesse époustouflante. Ils prennent un malin plaisir à descendre dans le vent, soudain font demi tour pour prendre un peu de hauteur contre le vent, ralentir pour être presque à l’arrêt en l’air et dans un superbe virage, une aile pointée vers l’eau, ils repartent dans le vent à une vitesse folle en rasant l’eau sans jamais la toucher. Ils donnent l’impression, en s’approchant au maximum du bateau, de venir nous épier. Sans doute est-ce la raison pour laquelle, en Islande, ils sont considérés comme étant les amis des marins. Ce balai durera toute la journée, jamais nous nous en lasserons. Avec cette météo nous nous croirions en Méditerranée. Du soleil dans un ciel pratiquement sans nuage, du vent suffisamment soutenu. Nous avons juste la chaleur en moins, mais nous avons en plus les fulmars, le glacier que nous longeons et dont le blanc se détache sur le ciel bleu, et la visibilité à trente miles car il n’y a pas le moindre soupçon de brume.

Les fulmars nous ont quitté, les miles se sont écoulés, le vent favorable est tombé, Babar a dû prendre du service. Des miles et des miles contre un vent défavorable, puis nous avons revu des fulmars, ceux-là venaient à notre rencontre nous souhaiter la bienvenue aux Féroé. Et puis il a fallu contourner le Sud de Suduroy. Nous sommes parfaitement dans les temps pour éviter les forts courants contraires. Nous nous engageons, nous voyons des remous sérieux, un shaker. Brutalement sans crier gare un remous énorme dans lequel Delphinéa se jette et transperce cette masse d’eau. Tout le bateau a été recouvert de flotte, froide, glacée. Michel et Guy étaient dans le cockpit, submergés qu’ils ont été. Enfin Delphinéa a résisté, nous sommes passés.

Féroé

Maintenant nous sommes amarrés à couple de Johana que nous connaissons bien, retrouvailles, embrassades, c’est sympa. En arrivant, nous avions en fait pris sa place qui était libre. Dès que nous avons appris par le maître du port (ici on ne dit pas capitaine) qu’elle devait arriver, nous avons dégagé la place pour  nous mettre à couple après son amarrage. Mais quelle manœuvre. On voit une belle pièce de 230 livres, le visage rouge, à moitié caché par une jolie barbe blanche qui manie une barre de deux mètres de long à l’aide d’un système de palan. Incroyable d’habileté. Un marin, un vrai.

Michel et Guy ont retrouvé Bonnie, ils sont contents. Nous attendons de pouvoir partir vers Stornoway. Bonnie partira seul demain mardi avec peu de vent, Delphinéa attendra un vent soutenu de secteur Nord, marre de faire du moteur, probablement que nous devrons rester ici une semaine.

Au dernier moment nous décidons de partir ensemble, nous espérons un vent Nord-est d’une quinzaine de nœuds pendant             au moins vingt quatre heures. Donc vers midi nous partons, d’abord Bonnie, puis une dizaine de minutes après, Delphinéa. Cela faisait bien longtemps qu’Edith et moi ne nous étions pas retrouvés tout seuls. Nous sortons du port, en train de commencer à ranger le bateau pour la navigation, nous voyons Bonnie revenir sous génois seul. Michel dans le cockpit nous fait un signe amical de la main, nous lui répondons. Nous comprenons qu’il veut nous passer un message, je descends à la VHF. Alors là, grosse surprise. Bonnie en panne de moteur, cherche à retourner au port à la voile. Sous génois seul dur dur comme on dit. Afin de parer à toute éventualité, nous préparons Delphinéa à l’abordage de Bonnie afin de le prendre à couple. Nous avons bien fait, car Michel n’arrive pas à manœuvrer pour entrer au port contre le vent. Nous sommes maintenant rodés à ce type de manœuvre qui se passe sans aucune difficulté et entrons au port à couple et réamarrage sur Johana. Nous avons droit à l’explication de Michel. Juste en passant la digue son moteur s’arrête. Le vent était soutenu et pousse Bonnie vers le musoir, le temps de monter son génois, Michel est passé par toutes les couleurs de l’arc en ciel car il voyait les cailloux se rapprocher, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour les éviter. Génois établi il devient un peu plus manoeuvrant mais Guy et Michel ont quand même eu la trouille de leur vie, car la quille a été jusqu’à racler les cailloux.

Notre ami Gudmundur (oui je sais, la première fois que j’ai écrit son nom, je me suis trompé en écrivant Goodman, mais c’est ce que j’avais compris, on prononce cela goudmour), donc Gudmundur, surpris nous voyant revenir, accourre de suite, explications. Il se met en quatre pour nous aider alors qu’il était au boulot, il prête tous les outils nécessaires aux deux techniciens de haut niveau, ils doivent faire une découpe dans leur réservoir pour le nettoyer. L’opération est terminée en fin d’après-midi. Nous décidons de partir. Renseignement pris auprès des marins locaux, il faut partir à dix heures pour bénéficier au maximum des courants mais surtout ne pas trop s’approcher de la pointe Sud de l’île car il y aura des courants forts avec beaucoup de remous. Cela nous a rappelé quelques souvenirs.

La belle pièce de 230 livres étant partie à la pèche le matin vient d’arriver, et sans plus de procès, nous apporte un sac plein de poissons, morue, deux poissons plats soles ou flétans, et d’autres non identifiés.

Gudmundur insiste pour nous inviter chez lui à prendre un petit café et quelques pâtisseries, le rendez-vous est pris pour sept heures, il nous explique où c’est, on voit sa maison du bateau, simple. A sept heures, à peine avions-nous fait cent mètres, que nous le voyons arriver en voiture pour nous chercher. Incroyable. Nous faisons connaissance avec sa famille, sa femme, Brit, adorable, accueillante, ravie de nous voir, leurs quatre enfants, un garçon et trois filles dont la petite dernière, un petit bout de choux de deux ans plein de malices et de tendresse. Nous nous trouvons tous autour d’une table garnie, toute préparée, pleine de pâtisseries, du fromage, du café, du thé. Comme il a dit le Gudmundur, juste un petit café ! Les deux grands pères se sont même joints à nous. Nous parlons des habitudes et du mode vie aux Féroé. Par exemple, le matin on déjeune, mais déjeuner copieux, à six heures. A sept il est au boulot, mais son chantier ferme à seize heures. Pour lui, c’est un peu plus tard. L’école commence lundi prochain pour se terminer le 24 juillet. L’année scolaire est jalonnée de vacances d’une semaine, jamais plus. Séance photo avant de quitter leur maison haut perchée sur la colline, une vue superbe sur la baie, sur le port, sur Johana. Pas étonnant que Gudmundur soit arrivé de suite en voiture pour nous prendre tout à l’heure. Il nous guettait !! Embrassade, promesse de s’écrire, promesse de se revoir, promesse de venir en France, nous repartons vers le port, nous mangeons un des poissons que nous a donné le 230 livres.

Nous voyons apparaître John, tu sais le pêcheur que nous avions rencontré lors de notre premier passage. Spontanément, quand il a vu les bateaux, il est venu nous voir, heureux de reprendre un peu de contact, de discuter avec nous, de comprendre nos malheurs et de proposer son aide. Comme par hasard, il part aussi avec la même marée que nous, à 10 heures le soir. Ah oui, j’ai oublié de dire, que nous avons décidé de prendre Bonnie en remorque au moins jusqu’à Stornoway. Nous sortons donc du port à couple, Edith est à la manœuvre, impeccable. Puis remorque. Remorque oui, mais c’est juste pour sécurité. Les deux bateaux sont au moteur, Delphinéa sous génois en plus, après réglage des vitesses moteurs, nous filons six nœuds. Pas mal avec une remorque.

Nous attaquons la pointe Sud de l’île. C’est la nuit. John, lui, avait déjà depuis longtemps doublé l’île et filait de l’autre côté vers l’Ouest. Quelques coups de projecteurs pour nous dire au revoir, liaison radio avec Bonnie, où plutôt Guy, sur le canal huit. Avez-vous déjà vu cela ? Un pêcheur, un professionnel de la pêche, qui salue chaleureusement un simple plaisancier en mer. Il faut venir ici pour voir cela. Je pense que les marins de nos régions auraient beaucoup à apprendre de ces gens là. Nous avons remarqué qu’à partir de Stornoway, nous n’étions plus considérés comme des plaisanciers qui emmerdent le monde de la mer, mais comme des marins d’abord. Nous garderons tous un souvenir émouvant de cette escale à Vagur. Les liens tissés sont forts, sincères et désintéressés.

Les courants nous sont favorables, huit nœuds avec Bonnie en remorque. Mais quel bouillon. Heureusement que nous avons écouté les conseils des locaux. Un vrai shaker, nous sommes ballottés comme les glaçons d’un apéritif sophistiqué. Le maître du port avait dit au moins à deux miles des petits cailloux de la pointe, nous avons fait une route à deux miles et nous sommes laissés dérivés jusqu’à trois miles par la simple force du courant, mais quel brassage quand même. Mais quelle satisfaction aussi, car malgré la remorque, nous assurions sept à huit nœuds. Edith, fatiguée, va se coucher, je prends le premier quart. Plus de vent, je rentre le génois. Sortis des fort courants, nous tombons à cinq nœuds cinq.

Trop ballottée, Edith ne peut pas dormir, elle me relève de mon quart au bout de trois heures. Moi j’aime bien être bercé, je m’endors rapidement et le temps passe, passe, je ne m’en rends pas compte, cinq heures qu’elle a fait la bougresse. Elle m’informe que nous ne faisons plus que trois nœuds et demi. La marée a changé, nous avons un nœud de courant contraire. Oui mais quand même, ce n’est pas assez, car à cette vitesse là nous nous prendrons la dépression avec un vent de plus de trente nœuds dans le pif avant d’arriver, et alors Delphinéa sera à court de fuel !! Contact avec Bonnie, ils avaient coupé leur moteur car il chauffait. Le régatier avait complètement oublié qu’il fallait de temps en temps remettre un peu d’eau de refroidissement !! Oui je sais, en régate, on n’utilise pas le moteur, sauf quand on triche. Bref maintenant la situation est rétablie et nous filons plus de six nœuds. Il ne faut pas être en dessous de cinq nœuds pour être dans les temps. L’équipée est quand même un peu curieuse. Deux voiliers au moteur et chacun sont génois seul et une remorque !!! Mais comment va pouvoir faire Michel quand Delphinéa ne sera plus là ???

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un ciel du nord

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un fulmar en vol

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coulee de lave

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Edith

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lave herbe mer

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une maison sous la cendre

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noir et blanc

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un cargo dans la passe de Heimaey

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rouge vert bleu blanc

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route

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encore ces couleurs

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en haut du volcan

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toujours en haut du volcan

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entree de la passe de Heimaey

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reykjavik_viking__R_solution_de_l__cran_

un vrai viking

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Commentaires
G
Bien contents d'avoir de vos nouvelles !<br /> merci pour tous ces détails ...guy a de belles photos mais n'est pas aussi bavard !!!<br /> Nous avons hâte de connaitre une date de retour dans un port breton ...pour vous recevoir en hérossss !<br /> bises à vous 4<br /> Gaelle & fab
T
bon courage pour le retour . Merci des dernières infos . On vous attend de pied ferme . Il commence (enfin) à faire chaud aux Sables . Maintenant que les touristes sont partis , à nous la plage et la liberté . <br /> Bisous à tous ceux qui sont dans le vent .
G
Je lis depuis un moment vos aventures, il me manque quelques épisodes mais je vais fouiller ordi. C'est Serge qui m'a donné l'adresse. Félicitations, nous, nous ne sommes pas allés si loin, surtout si longtemps (hé, j'ai 6 petits enfants qui me réclament ... pendant encore un petit moment !) Par contre, nous avons convolé en "justes noces". Nous ne vivons plus dans le péché.!!!<br /> Profitez bien et bonne nav. Bisous à tous. Ghislaine.
delphinéa au groenland
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