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delphinéa au groenland
1 août 2008

islande suite

Le centre et le Nord

Après d’âpres négociations entre nous, nous décidons de louer deux petites voitures normales plutôt qu’une grosse ou un 4X4. Et nous voilà partis à la découverte de ce fantastique pays. Nous vivons ici dans un autre monde, les références ne sont plus les mêmes. Dans une journée, nous pouvons avoir les quatre saisons de l’année. Enfin n’exagérons rien, nous n’avons tout de même pas eu de chute de neige. Première étape vers ce que les guides touristiques appellent le cercle d’or. Il s’agit d’un concentré de ce qu’on peut trouver en Islande. La première rencontre avec l’insolite : Thingvellir. Une faille coupe l’Islande en deux. Du côté Est on a  la plaque tectonique du vieux continent et du côté Ouest celle de l’Amérique. Ces plaques s’écartent l’une de l’autre de cinq millimètres par an !!! Ensuite les geysers. Tiens donc, quelqu’un sait-il d’où vient ce mot curieux ? Simple de la ville de Geysir où on découvre ce phénomène extraordinaire. Le plus haut du monde se trouve aux Etats-Unis. Au fait comment ça marche ?

Un geyser se compose d’un petit cratère dans lequel se déverse l’eau. La colonne d’eau exerce au fond du geyser une pression considérable. La chaleur provoque un jaillissement de cette colonne par intermittence. Puis le cratère se remplit à nouveau d’eau et le phénomène se reproduit. Attention, ça brûle !!

Tout autour du geyser, nous voyons tout plein de touristes, comme nous, qui attendent l’éruption, pour prendre la photo. Très difficile à prendre avec un appareil numérique.

Mais le soir arrive et il faut bien dormir quelque part. Guy et Michel ont une toile de tente, le problème est réglé pour eux. Edith et moi cherchons une chambre, sans succès. Il faut dire que Geysir n’est pas franchement une ville. Nous aurions pu le croire en lisant les documentations et la carte, mais il s’agit d’une station service, d’un hôtel restaurant et d’une auberge de jeunesse. Alors nous avons dormi dans la voiture, enroulés dans une couette. Cela faisait plus de quarante ans que cela ne m’était pas arrivé !  Enfin c’est comme ça, ce sont les aléas du voyage.

Nous prenons une route qui passe entre deux glaciers. Nous arrivons à Gullfoss. Alors là grosse extase. Un torrent puissant, 130 mètres cubes à la seconde, plonge dans une fissure très étroite dans un bouillonnement impressionnant et un bruit assourdissant. Un arc en ciel nous fait la grâce de nous saluer. Nous avons du mal à quitter ce site, mais il le faut bien. Et puis nous reprenons la route, mais là ça commence à se corser comme on dit à Bastia. La route devient une piste, d’abord une piste bien plate, puis ça monte, on attaque les montagnes, les trous se creusent, le loueur nous a bien dit que nous ne sommes pas assurés pour ce type de route. Mais tant pis, nous prenons nos risques. Il faut éviter les trous, passer à côté des plus gros cailloux, mais quel spectacle !! Le glacier Langjökull à notre gauche et devant à droite nous avons le Hofsjökull. Quand on parle de glacier ici,  on ne doit surtout pas comparer cela avec nos petits glaçons coincés entre deux rochers dans nos montagnes. Il s’agit d’espaces glacés de plusieurs centaines de kilomètres carrés. En milieu d’après-midi nous arrivons dans une ferme qui fait couchage style auberge de jeunesse où tu te pointes avec ton sac de couchage. Tout est parfait à part qu’il n’y a pas de courant électrique ici. Donc impossible de recharger les batteries des appareils photos, impossible de décharger les photos dans l’ordi. Enfin on fait avec ou plutôt sans. La journée est loin d’être terminée, on part en ballade, à travers les champs de lave sur laquelle pousse une mousse grise et douce. Nous arrivons au pied d’un volcan et d’un glacier. Contraste saisissant. L’eau de la fonte du glacier serpente entre les coulées de lave.

Le Nord

Après une nuit paisible, nous devons attaquer la descente de l’autre côté, vers la côte Nord de l’Islande. Le ciel est maussade, la piste est détrempée, les voitures ressemblent à un tas de boue. Nous atteignons la mer, cela fait deux jours que nous ne l’avons pas vue, malgré une météo désagréable, nous apprécions sa présence et nous allons coucher chez Knut à Hvammstangi, encore une ferme auberge de jeunesse. Le lendemain nous allons nous balader en bordure de mer et nous découvrons sur le rivage face à nous une colonie de phoques paresseusement installés sur leur plage de sable noir. En longeant le bord de mer, nous admirons les sternes et leurs gracieuses voltes dans le ciel, leurs cris très aigus nous signalent que nous sommes chez eux. Plus nous avançons, plus leurs vols sont bas au dessus de nos têtes, jusqu’au moment où ils attaquent le sommet de nos crânes fragiles. Guy et Michel ont fait les frais de quelques coups de becs bien placés. Après être partis de chez Knut, nous quittons la route principale pour jeter un coup d’œil sur un site signalé par le Routard. Michel et Guy sont juste devant nous dans leur petite Opel Corsa, et nous voyons là une scène bien étonnante. Une colonie de sternes attaque leur voiture ! Je suppose qu’il en est de même pour la nôtre, mais nous ne le remarquons pas. Les pistes c’est fini, depuis un bon moment nous avons le droit à une route bitumée en bon état. Nous allons passer une nuit au bateau, c’est moins cher que l’hôtel, pour repartir le lendemain vers le glacier Vatnajökull.

Le Sud

Le glacier Vatnajökull est le plus grand glacier d’Europe : un kilomètre d’épaisseur par endroits et 8.400 kilomètres carrés, ce qui représente la Corse !!! En plus de cela il travaille lui. On parle en France de l’énorme mer de glace sur le Mont Blanc du côté de Chamonix. Ridicule, il ne représenterait qu’une toute petite langue du Vatnajökull. Mais au préalable nous allons dormir dans une auberge pour jeunes avec sac de couchage, au pied du volcan Hekla dont le sommet est couvert de neige. A minuit Michel et Guy se lèvent pour aller au bout de la piste qui y mène, ils rentrent se coucher, se relèvent vers trois heures pour refaire le même parcours et se recouchent vers six heures, pour se relever avec nous vers huit heures. Tout cela pour dire que ces deux là sont un peu fana de photo et ils voulaient voir les coucher et lever de soleil sur le volcan. Ils sont quand même un peu fou ces deux là. Nous partons maintenant pour escalader Hekla dont la dernière éruption a eu lieu en 2.000. Nous laissons les voitures à six cents mètres d’altitude, le sommet est à 1.450 mètres. Nous croyons une fois encore marcher sur la lune. Des scories noires, parfois rouges et ultra légères couvrent ses pentes, une ancienne coulée de lave à traverser, ce n’est pas très facile, les pierres sont hautes de un à deux mètres et leur surface est acérée. A certains endroits nous devons traverser un névé, ça glisse sous le soleil qui les fait fondre. Lorsque nous sommes près du sommet un nuage s’y accroche, il reste moins de cent mètres de dénivelé. Guy et Michel continuent quand même, Edith et moi faisons demi tour. Je pense que nous avions raison, il n’y avait rien à voir là haut dans le nuage, le froid et le vent. La descente, magique, du surf dans les cendres. Mais arrivé en bas, je constate que mes chaussures sont complètement bouffées. Le soir auberge avec « sleeping bag ». On commence à avoir l’habitude. Il faut dire qu’ici l’hôtellerie est hors de prix. Minimum 150 euros pour une chambre sans aucun luxe. Avec les solutions de « sleeping bag » nous nous en tirons pour 16 à 25 euros … par tête.

Nous sommes maintenant en vue du fantastique glacier. Le soir nous assistons à un phénomène bien curieux. Sous le glacier il y a plusieurs volcans encore en activité. Nous apercevons une file de nuages que le vent nous porte du glacier. Rien d’anormal ou d’extraordinaire à priori. Mais c’est que ces nuages sont provoqués par la vapeur d’eau qui se dégage de la glace quand le volcan éructe !! Après une bonne nuit de repos particulièrement bien méritée, nous prenons la direction du Vatnajökull. Au passage nous traversons la ville, enfin ici ils appellent cela une ville : 500 habitants, donc la ville de Kirkjubaerklaustur. Je cite ce patelin rien que pour la curiosité de son nom absolument imprononçable pour nous autres. Dès que nous sommes assez proches, halte obligatoire pour admirer le spectacle. La glace descend sur les cendres, le bas du glacier en est noir, les cassures sont bleu vert, le soleil donne là-dessus, c’est magique. Nous sommes au pied du glacier, parfois nous entendons des grondements sinistres et lointains. C’est le glacier qui avance tout doucement et se casse. Nous sommes au site de Skaftafell. Nous repartons pour chercher un couchage et nous tombons par hasard à Jökulsarlon. Indescriptible. Une langue du grand glacier descend jusqu’à une petite mer intérieure qui se déverse dans la mer par une sorte de rivière de 200 mètres de long. Le glacier se casse sous la pression et la chaleur de l’été, et on voit un encombrement innommable de petits icebergs qui sont ensuite véhiculés vers la mer par la courte rivière. Le flux de cette rivière est tellement important qu’il créé, arrivé à la mer, des remous surprenant. Lorsque la marée monte, les icebergs sont d’une part refoulés vers la côte sur une plage de sable noir, et d’autre part renvoyés vers la petite mer intérieure par la courte rivière qui alors coule dans l’autre sens. Il y a peu de mots dans notre vocabulaire permettant de décrire ce qu’on peut ressentir en voyant cela.

Je crois intéressant de parler d’un incident qui s’est produit en 1996. Un tremblement de terre a secoué l’un des volcans provoquant une fissure qui a traversé le glacier. Au contact du magma, la glace a fondu, creusant un long tunnel d’eau tiède et soufrée qui s’est écoulé vers la côte. Ceci a occasionné une crue au débit 20 fois plus puissant que le Rhône à son maximum. Résultat : les ponts ont été emportés et la route 1, la seule pouvant desservir l’Est du pays, a été coupée.

L’heure du retour vers Delphinéa a sonné, mais nous aimerions bien faire une petite ballade au dessus d’une langue de glacier. Nous arrivons à nous procurer un plan de ballade et nous cherchons d’où peut bien partir ce chemin qui nous tente. Nous empruntons une route, non une piste très difficile pour nos petites autos et là incident avec la petite Opel de Guy et Michel qui touche un peu sèchement un rocher. Après examen, on, non ils car vous connaissez tous mon niveau d’incompétence, donc ils s’aperçoivent que le carter d’huile est légèrement fendu !!! Nous sommes alors mardi et devons rendre les voitures jeudi matin. Les garçons partent aussitôt vers le bateau pour mettre un emplâtre grâce au matériel du bord. Edith et moi continuons la route touristique seuls. Nous cherchons les sources chaudes pour nous y baigner. Nous nous rendons vite compte qu’il s’agit d’une usine à touristes avec piscines aménagées. Aucun intérêt pour nous autres, rejet total de cette idée. Nous ne visiterons pas les sources d’eau chaude, ou plutôt nous ne les verrons pas dans le but de nous baigner. Nous apercevons à flanc de montagne quelques jets de vapeur intenses et notre curiosité a été mise en éveil. Il s’agit de l’exploitation industrielle de sources chaudes. L’eau est captée et envoyée par de grosses buses isolées vers les villes. Ainsi les habitants disposent d’eau chaude et de chauffage quasiment gratuitement toute l’année.

Nous sommes de retour mercredi après-midi, c’est l’anniversaire de Guy, le pauvre vient d’avoir 58 ans. Encore un anniversaire fêté à bord. Le pauvre vieux commence à avoir du mal à porter ses lourdes années du passé. Enfin c’est ce que nous lui disons, car en fait il est bien plus alerte que nous autres. Les garçons ont réussi à colmater la fuite, nous espérons juste que le loueur ne verra rien. Le lendemain nous rendons les autos, nous plaisantons avec le mec qui contrôle, il ne voit rien. Ouf, c’est passé.

Le tour de l’Islande est maintenant terminé et nous pensons au retour. Donc nous revenons à nos préoccupations de marins, la mer, le ciel, le vent, la route, les escales. Aucun départ vers les Féroé n’est possible avant une semaine car les vents sont contraires, Est à Nord-Est pour aller à l'Est-Sud-Est, c’est pas terrible. Alors nous attendrons. Alors nous attendons.

Hier nous étions en profonde occupation dans une sieste, lorsque nous entendons Guy monter à bord et parler à quelqu’un. Il a rencontré à Reykjavik un couple d’amis, Suzanne et Michel, des Québécois !!! Que le monde est petit.

Alors l’Islande. Un pays hors du commun, cette île est un monde à elle toute seule, plein de contradictions et de contrastes. Le feu et la glace, la plaine et la montagne, le calme plat et la tempête déchaînée, les fjords profonds où on ne peut pas mouiller et les côtes qu’on ne peut pas approcher à moins de plusieurs miles, un pays au niveau de vie très élevé mais qui est surendetté, les promène-couillons pour visiter les baleines côtoient les baleiniers. Et je suppose que j’en ai oublié.

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Commentaires
T
c'est la Ière fois que je tente l'envoi d'un commentaire.On se rend compte que vous vous régalez.Profitez-en bien .Ce sera quoi , le cadeau d'anniversaire d'Edith?Je suggère quelque chose avec un gros morceau d'ice-berg dedans, genre 1 ti-punch pour la spécialiste . Didith, y a personne qui fait les ti-punchs avec autant d'amour . Sur les prochaines photos, fais-nous un petit sourire , pour qu'on voie que les 3 mecs qui t'accompagnent ne te torturent pas.Gros biz.Tine
delphinéa au groenland
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