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delphinéa au groenland
30 mai 2008

suite irlandde ecosse

Il est quatre heures et demie, nous quittons Arklow, nous sommes le lundi 19 mai, en retard déjà de plus de deux semaines sur notre programme initial. Edith à la manœuvre, Pierre pour vérifier et moi pour tout ranger. Nous sortons par le fameux chenal qui nous avait tant inquiété en arrivant, nous remarquons que la balise verte n’a pas été réparée.  Le jour commence à pointer le bout de son nez, les oiseaux vocalisent déjà, un peu timidement, tous ne sont pas encore réveillés, cette journée s’annonce belle et douce. Le vent de Sud attendu n’est pas là. Dans le port un léger courant d’air de Nord, j’espère vivement qu’il ne s’agit que du vent de terre, le thermique de la nuit. Enfin nous sommes partis quand même, nous verrons bien en mer. Mais il nous faut du Sud. Maintenant on ne discute plus, cap sur l’île de Man ou nous prévoyons aller mouiller à Port Erin après une navigation de 90 miles. Nous imaginons être arrivés pour minuit. Difficile cette navigation. Il faut jouer avec les courants. Au départ courant défavorable, mais faible dans le pif, puis favorable pendant six heures, puis peut-être un peu défavorable pendant une heure, puis à nouveau favorable, pour se terminer par deux nœuds sur le travers deux heures avant l’arrivée. La mer d’Irlande, une vraie peste. La mer d’Irlande c’est l’espace entre Dublin, Liverpool et Belfast. Très fermé. Elle se remplit et se vide par les détroits de ses deux extrémités. Si un jour j’ai à refaire ce type de parcours, je passerais par l’Ouest de l’Irlande !!!

Port Erin est atteint avant la nuit, nous avons bien marché. Nous sommes à mi-marée, nous ne connaissons pas le marnage, la seule info dont nous disposons, est le marnage sur la côte Est de l’île, de l’ordre de 1 mètre. Ridicule. Pierre nous suggère de mouiller assez près de la plage, je refuse car ne connaissant pas le coin, je préfère être prudent et nous mouillons par cinq mètres de fond. Bien m’en a pris, car le marnage de ce côté de l’île est de plus de quatre mètres. En écoutant Pierre nous aurions échoué. Nous sommes fatigués, nous ne traînons pas pour aller au lit. 

Le matin du lendemain, nous allons faire un tour à terre. Nous découvrons un village très artificiel qui se lance dans le tourisme avec immeubles modernes serrés autour de la plage. On jette un coup d’œil sur la baie, et on aperçoit un bateau derrière Delphinéa. Tiens un nouvel arrivant. Pourquoi pas, rien de surprenant. Mais Bonnie devrait être à côté de nous, mais c’est Bonnie, mais ce sont les secours avec leur canot orange qui se dépêchent à côté de Bonnie, mais ce sont Michel et Guy qui pagayent comme des dératés pour rejoindre leur bateau. Avec l’aide des secours, ils ont réussi à crocher une bouée et sont maintenant bien amarrés. Michel n’a quand même pas eu de pot, quand il a balancé son ancre, ce dût être juste devant une grosse algue, que la force du vent en tirant sur la chaîne a dû déraciner.  Après l’ancre ne croche plus. Beaucoup de frayeur. Quand même un peu de chance, car le vent était dans le bon sens. Dans un autre cas de figure, elle aurait pu se retrouver sur les rochers. L’incident étant clos, nous faisons une ballade l’après midi, un vieux phare sur une pointe, un chemin en haut d’une falaise, un paysage qui nous fait penser à l’Ecosse. Agréable, serein. Le lendemain, le vent nous paressant un peu trop musclé pour nous, nous décidons de prendre le train de tourisme pour aller à la capitale, Douglas. Ce train un petit bijou. Une mécanique du début du siècle passé, soigneusement entretenue, qui faisait des pointes à 40 kilomètres/heure en crachant toute sa vapeur chauffée par une chaudière à charbon qui pue. Enfin c’est poétique quand même. Nous faisons une escale à Castletown, l’ancienne capitale, pour visiter son château. Déception, ce ne fût qu’une prison avec quelques pièces pour le seigneur local. On reprend le train suivant vers Douglas, pareil, relativement déçus, pas d’âme dans cette ville, tout du récent. Nous avons deux heures pour faire notre petit tour, largement suffisant. Chacun part de son côté, Pierre et Michel au pub, Guy avec son appareil photo, Edith et moi à marcher dans la ville. Nous sommes les premiers à arriver au point de rendez-vous, à la gare pour le dernier train. Oh surprise, le dernier train était une heure avant !!! Nous voilà gros Jean comme devant. Pas d’affolement, on se renseigne sur les bus. Impeccable, il y en a toute les demies heures, c’est la ligne numéro 1. Oui, mais nous avons pris un aller-retour, nous serons obligés de repayer le retour par le bus. Ne vous inquiétez pas, je vais négocier avec le chauffeur. En effet, en montant, le chauffeur a vite compris qu’il devrait passer un long moment pour me faire payer le bus, et il nous a gentiment laissé monter sans payer. Sympa le mec. D’une manière générale, ces indigènes sont vraiment gentils.

Le lendemain à midi nous levons l’ancre pour Belfast afin de bénéficier des courants. Le calcul s’est avéré exact , nous avons eu juste du courant dans le pif à la fin, mais quels remous, nous dansions sur l’eau, tout tombait à l’intérieur du bateau, dans les équipets, nous retrouverons deux verres cassés.

Arrivés à Belfast sans problème, une grande ville sans beaucoup d’intérêt, du moderne, des chauffards, un lieu de rendez-vous louches ou illicites. Nous sommes en ce moment en mer, nous avons quitté Belfast vers midi toujours pour bénéficier des courants, effectivement ils sont très porteurs, nous cherchons à rejoindre un petit mouillage au Nord de la côte Est de l’Irlande,Red Bay, avant de traverser vers l’île d’Islay, en Ecosse. Les spécialistes connaissent très bien la spécialité d’Islay, le whisky très tourbé. Nous pensions qu’il s’agissait d’un bon abri. Que nenni !! Une houle s’est mise à entrer là dedans, infernal. Les bateaux se sont mis naturellement face au vent de Sud-est, mais la houle nous arrivait du Nord-est, presque sur notre travers. Impossible de dormir, impossible de bénéficier d’une nuit calme. Alors nous décidons de partir vers minuit, à la marée précédente. Cela aura pour avantage de nous faire arriver de jour à Islay, et tant qu’à ne pas dormir autant avancer. Edith sort son bouquin de cuisine pour nous faire une pâtisserie. Pierre se met à le feuilleter, et nous lit les avant-propos de ce livre et je cite textuellement :

C’est un devoir de la femme dans toutes les conditions sociales de s’occuper de son foyer. 

Surveiller le travail ménager exécuté sous ses ordres ou le faire seule; expliquer les diverses préparations culinaires qui composent un repas ou les mener à bien elle-même, telles sont les préoccupations actuelles de chaque femme.

Alors maintenant, les filles qu’est-ce que vous attendez pour appliquer ces grands principes. Ah, oui j’oubliais de spécifier le bouquin : « je sais cuisiner par Ginette Mathiot ». Edition de 1932 !!!

L Ecosse - Islay

Nous sommes maintenant mouillés au fond du loch Indaal, devant la distillerie de Blowmore. Toute la nuit j’ai rêvé de douceurs blondes coulant lentement dans ma gorge assoiffée et gourmande, mes papilles se mettent à évoquer des danses douces et langoureuses. Ma tête pense aux grains d’orge, ma langue se rappelle le goût fort et suave à la fois de la tourbe, ma main imagine la prise du verre bien rempli. Mais la distillerie est à plus de cinq cent mètres, le vent s’est levé assez fort, une trentaine de nœuds, et je crains fort que nous ne prenions pas le risque de mettre l’annexe à l’eau pour aller à terre. De toute façon, nous sommes aujourd’hui dimanche, et elle est fermée. J’oubliais quand même de dire que nous sommes sous un soleil éclatant, l’Ecosse sous cette lumière froide du Nord, c’est incomparable de beauté et de contraste. Toutefois j’avoue bien humblement que la température n’est pas la même qu’aux Antilles. Alors qu’allons nous faire aujourd’hui ? Nous sommes pratiquement condamnés à rester à bord et admirer la distillerie de loin. Edith nous fera sans doute du pain, nous en manquons, Pierre et moi nous bouquinerons un peu, peut-être trouverons nous le temps de préparer une excursion, la suite du voyage. De toute façon, à un moment donné, nous referons le monde. Eh bien non, nous avons pu aller à terre, nous avons été voir la distillerie qui n’était pas fermée, mais nous avons dû prendre rendez-vous le lendemain onze heures pour la visite. Un petit tour dans les parages, et comme d’habitude, nous cherchons Pierre et Michel au moment de repartir. Les connaissants bien, nous ouvrons la porte de tous les pubs, il y en a deux, et les trouvons attablés devant deux énormes chopes de bière. Une fois rentrés au bateau, nous avons mangé le cake aux poires préparé par petite Edith dans le roulis infernal, nous n’avons pas refait le monde, Edith a fait son pain, il est bon.

Aujourd’hui lundi onze heures, nous visitons la distillerie. Alors le whisky c’est fait comment, me direz-vous. D’abord de l’orge, des grains d’orge récoltés dans la partie Est de l’Ecosse. Tous ces grains sont longuement séchés ici, fréquemment manipulés afin de bien les aérer. Ensuite toute une couche de grains, huit tonnes, est étalée sur une sorte de tamis, sous lequel brûle de la tourbe. C’est la fumée qui lui donne ce goût si particulier. Le grain est ensuite broyé dans des machines calibrées permettant de casser l’écorce du grain sans écraser son contenu. Les résidus sont utilisés pour faire de la bière, la partie noble fermentera dans des cuves brassées. Puis la dernière phase consiste à distiller cette pâte dans un alambic, alors le whisky sort incolore et est stocké pour vieillir dans des fûts de chêne et d’érable qui lui donnent sa couleur et concentrent ses parfums. Un peu d’arithmétique : 8 tonnes d’orge + 120 tonnes d’eau + de la tourbe (désolé j’ai oublié la quantité, je me souviens seulement qu’ici on en consomme 2 tonnes par semaine) un peu de connaissance et d’expérience donnent 5 tonnes de whisky.

Après cette fantastique leçon de whisky, nous cassons une tite croûte dans un resto, pas terrible. Puis après avoir traîné un peu aux alentours nous rentrons avec l’annexe.  Arrivé à bord, nous regardons derrière nous, afin de voir où en sont Michel et Guy, personne. Pourtant ils sont partis en même temps que nous !! Sans doute ont-ils changé d’idée et ont-ils voulu se prendre une derrière chope de bière avant de rentrer. Au bout de deux heures, nous commençons à nous poser d’autres questions à leur sujet. Inquiets. Puis nous voyons apparaître un petit bateau moteur traînant leur annexe. Mais que s’est-il donc passé ? Au moment de partir leur moteur s’est étouffé, puis plus rien. Pas d’outil sur eux pour démonter, ouvrir, souffler, essuyer. Alors ils ont vu une petite fille sur un petit bateau, qui a bien voulu les emmener voir son Papa. Un écossais charmant qui les a aidé à tout, ou presque, démonter. Rien n’y a fait. Alors ce bon James les a remorqués jusqu’à Bonnie. Finalement le lendemain matin, démontage plus complet, résultat : des saletés dans le carburateur. Ouf, pas grave. Un peu de repos pour eux avant de repartir à terre. Pendant ce temps le vent se lève assez fort, quand ils remontent sur le pont, l’annexe est à l’envers avec le moteur dans l’eau. Et on recommence à tout démonter pour sécher et essuyer !!!! Sacré Bonnie va. Le lendemain ils vont remercier James qui n’avait rien voulu accepter comme dédommagement. La conversation s’engage. Il s’avère que James travaille dans une distillerie, pas ici mais à Port Ellen.

Pendant tout ce temps là, Edith, Pierre et moi, prenons le bus pour aller à une extrémité de l’île voir Port Charlotte. Pas beaucoup d’intérêt, mignonnet, sans plus. Nous attendons le bus pour aller jusqu’à Portnahaven. Une dame nous propose de nous emmener dans sa voiture, nous faisons la causette, mais c’est difficile, l’écossais n’est pas tout à fait l’Anglais, et même si … Cette dame semble connaître absolument tout le monde ici, car, à chaque fois qu’elle croise une voiture, elle fait un geste amicale de la main. Question bien sûr. Réponse, non, non, c’est une habitude ici, tout le monde se salue. Là nous découvrons une petite baie bien abritée deux trois bateaux, chacun sur sa bouée. Nous voyons des bouées inutilisées, mais elles bougent, elles se déplacent, mais ce sont les museaux des phoques. Des gros phoques, on en voit deux qui se disent des amabilités, énormes ces phoques. Edith et moi allons nous promener dans la nature, nous rencontrons un Monsieur avec son chien. Une petite conversation. Sympa. Puis c’est l’heure du retour. Bus, puis annexe. Mais c’est que pendant la journée, le vent s’est levé, c’est un peu trop pour l’annexe qui se trouve à 1000 mètres du bateau…. Dans une première tentative nous embarquons 20 litres d’eau en moins de cinq minutes, alors demi tour. Nous remontons trempés. Un petit tour au cybercafé, puis deuxième tentative. Les vagues sont moins fortes, le vent a baissé, nous arrivons à petite vitesse jusqu’à Delphinéa, mais trempés quand même.

Nous sommes mercredi, le dernier mercredi de mai, la météo est calme, nous pensons partir pour Port Ellen. Bonnie a un problème avec son moteur que personne n’arrive à identifier clairement. Nous nous mettons à couple et c’est Delphinéa avec son Babar qui emmène tout le monde. C’est Pierre qui prend la manœuvre en main. Nous arrivons sans encombre à Port Ellen sous la flotte, le rendez-vous est pris avec le mécano du cru. Nous en aurons au moins pour deux jours. Puis le lendemain grand beau. Edith et moi allons nous promener dans la campagne, nous escaladons quelques collines. Une nature sauvage, un sol tourbeux, doux à marcher, parfois même un peu trop, je me suis trouvé à un moment donné enfoncé presque jusqu’au genou. Un peu plus tard ce fût le tour d’Edith. Des daims, des chevreuils en nombre, en toute liberté. On respire, on vit, on s’imprègne de cette liberté. Un pré rempli de linaigrettes, des fleurs qui ressemblent à du coton, douces blanches aérées, légères. En redescendant nous croisons plein de chardons. Ah oui le chardon, le symbole de l’Ecosse. Fort le chardon, on ne s’en débarrasse pas comme on veut. Agressif le chardon, quand on s’en approche sans y être invité, mais si douce est sa fleur, qu’il vaut mieux ne pas essayer de la cueillir. Tout un symbole cette fleur, cette robuste plante.

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c est edith. elle a chaud

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Delphinea au pres

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1 dodoche sur l ile de Man

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l ile de Man

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les deux bateaux au mouillage

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un passager clandestin

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le petit train

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portnaha

ven

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portnahaven

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Edith a rencontre des copains

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remorquage de bonnie

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port de l ile de Man

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recuperation de bonnie par les sauveteurs

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un ancien phare sur l ile de Man

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sans commentaire

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le meme phare que tout a l heure

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on se prepare a monter dans le train

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le train est maintenant la

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scene dans le chateau de Castletown

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la distillerie de bowmore

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la plage de bowmore

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l annexe de bonnie ramenee par James

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portnahaven

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les phoques se causent

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port ellen

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les daims

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encore sans commentaire

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Commentaires
J
ouf ! des nouvelles !! le blog n'est pas à jour pas de news depuis fin mai !!! comment ça va? donnez nous des nouvelles plus souvent, comment vas tu ma petite edith j'espère que les hommes ne te font pas souffrir !! on vous embrasse à plus jojo
F
merci jean. C'est toujours avec beaucoup de plaisir de te lire. salut à tous et à bientôt de te lire. Biz. Fab : la belle soeur de michel
delphinéa au groenland
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